L'avez-vous remarqué ? L'homo sapiens que nous sommes n'est plus invité à se rendre à la mairie, à la préfecture ou à la caisse pour y retirer un formulaire ou payer ses achats du jour, il est invité à aller en mairie, en préfecture ou en caisse. Ainsi soit le jargon commercial et administratif du XXIe siècle. Et le bougre n'est jamais avare en audaces langagières.
À l'Académie, on s'en est bien sûr ému, dénonçant le pouvoir hégémonique exercé par certaines prépositions, « comme cela semble être le cas pour "en" », déplorent les pensionnaires du quai Conti sous leur rubrique Dire, ne pas dire. À toutes fins utiles, ils rappellent que « s’il est parfaitement possible de mettre des fruits ou des livres en caisse ou en caisses, ou de faire pousser des lauriers, des orangers en caisse, c’est à la caisse que l’on passe quand il s’agit de régler ses achats. » Ils ajoutent que « si certains tours un peu désuets comme "en l’église", "en la cathédrale" sont encore en usage, on évitera les formes comme "en mairie" ou "en préfecture". Nous viendrait-il en effet à l'esprit d'aller en gendarmerie, en commissariat, en cinéma ou en restaurant ?
En résumé, jusqu'à preuve du contraire, le bon usage exige toujours que l'on aille à la mairie, à la préfecture, à la caisse, comme on va à la médiathèque, au théâtre ou à la piscine, saines occupations que je ne saurais trop vous conseiller si, comme moi, vous commencez à tourner comme un lion… en cage (ou dans sa cage si vous préférez).
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