Il y a quinze jours, Loïs Boisson n'intéressait personne. Et voilà que d'un coup de raquette magique, son nom s'est retrouvé propulsé à la une des gazettes sportives. Une 361e joueuse mondiale, française de surcroît, en demi-finale de l'Open de France, qui l'eut cru, en effet, surtout à une époque où l'on nous rebat les oreilles avec la crise du tennis féminin tricolore ?
En chœur, les médias ont salué la force de caractère de la jeune fille, son apparente insouciance, son parler franc, son coup droit de bonhomme, mais aussi l'une de ses armes favorites : l'amorti du fond du court, selon les uns, l'amortie du fond du court pour les autres, parfois les mêmes d'ailleurs. C'est ainsi qu'en farfouillant sur le Net, j'ai déniché le mot employé au masculin chez L'Équipe, plusieurs fois, Le Parisien et Ouest-France, et je l'ai rencontré au féminin chez… L'Équipe, plusieurs fois, Le Parisien et Ouest-France, pour ne citer que les principales têtes de série de la presse écrite consultées. Si ce n'est pas de l'hésitation, ça y ressemble fort.
Alors, amorti ou amortie ? Disons-le tout de suite, la réponse à cette interrogation est aussi peu aisée à trouver que le geste en question à réaliser. Et comme souvent, les spécialistes de la langue se posent en champions de l'embrouille. Quand Larousse et Robert font du mot du jour un nom exclusivement masculin, l'Académie les prend à contre-pied et invite à opérer un plus subtil – et plus logique – distinguo. « Une balle amortie ou, elliptiquement et substantivement, une amortie », nous dit-elle, est une « balle frappée de telle sorte qu’elle ne rebondisse que faiblement dans le camp adverse et le plus près possible du filet ». En revanche, « un ballon amorti ou, elliptiquement et substantivement, un amorti », est « un ballon que l’on arrête ou que l’on freine dans sa course ».
Doit-on en déduire qu'il existerait deux langages à la porte d'Auteuil, selon que l'on fréquente les tribunes populaires du « Parc » ou les allées chics de « Roland » ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire