vendredi 20 juin 2025

Rigidité cadavérique

« Des paroles qui, toujours selon lui, resteront lettres mortes, jusqu'à ce que le Département lui adresse une mise en demeure de reprendre son poste, le 10 mai 2023. » (Zinfos974)

La tentation est grande de vouloir accorder la locution « lettre morte » quand le sujet auquel elle se rapporte est au pluriel. Eh bien ! ce serait une erreur, nous dit l'Académie, dans la neuvième édition de son dictionnaire, récemment bouclée après quarante-cinq ans de dur labeur : « Lettre morte (toujours au singulier), se dit d’un texte de nature juridique (titre, pouvoir, traité, etc.) qui est devenu sans effet, qui n’a plus ni autorité ni valeur ». 

Sans autre forme d'explication, Larousse (« Nos demandes sont restées lettre morte »), Robert (« Tous mes conseils sont restés lettre morte »), Grevisse et Hanse confirment cette invariabilité qui pourrait paraître bien singulière aux yeux des modestes usagers de la langue que nous sommes.

Notez enfin que de nos jours, l'expression s'est affranchie du cadre juridique au sens de « ne pas être pris compte, être inutile ». Témoin ces exemples puisés au hasard de  la Toile : « Les promesses du PACE Bill et d’autres réformes restées lettre morte » (L'Express de Maurice) ; « Nuisances à Lasclaveries : le SOS lancé au président de la République reste lettre morte » (La République des Pyrénées) ; « “Les Suppliques”, pièce poignante pour que le passé ne reste pas lettre morte » (Télérama). 

Ou encore : « La réforme de l’orthographe est-elle restée lettre morte ? » (Marie-Éva de Villers, CCDMD, Correspondance, vol. 4, n° 1).

Poser la question, n'est-ce pas déjà y répondre ?

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