J'ignore quel sens exact Jules Bénard, alias Tonton Jules, a voulu donner à l'adjectif « saumâtre » au sujet de la bande de joyeux drilles – et ceux que par mégarde il aurait oubliés – qui faisait l'objet de sa chronique du 24 juillet dernier sur Zinfos974. Si c'est au sens – consacré par tous les dictionnaires usuels – de « salé, amer », je lui trouve pour une fois beaucoup de mansuétude tant les olibrius en question sont gratinés. Si, en revanche, c'est au sens de « troubles, sales », je ne peux que lui donner raison. Sur le fond, en tout cas.
Car sur la forme, il y aurait à redire. Ainsi, dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française, Adolphe Thomas, au nom de tous les siens de grammairiens, nous rappelle que si « certains donnent abusivement à ce mot le sens de sale, verdâtre, en parlant de l'eau », c'est tout à fait « incorrect », pour ne pas dire impropre, ajouterais-je, histoire de me cantonner dans le thème du jour.
Pas de quoi toutefois troubler l'usage courant, lequel n'en finit plus de répandre autour de lui l'acception fautive. On la retrouve dans la presse :
– « L'eau non traitée du bassin présente un aspect saumâtre qui ne présage… » (guadeloupe.franceantilles.fr)
– « Vincent Cassel dans un bain saumâtre » (Le Progrès)
Mais aussi chez certains grands auteurs :
– « L'eau qui stagne immobile et sans vie devient saumâtre et boueuse. Au contraire, l'eau vive et chantante reste pure et limpide. » (Gaspard, Melchior et Balthazard, Michel Tournier, 1980)
Loin de moi l'idée de me moquer, cela va sans dire. Comment le pourrais-je, moi qui me souviens de l'époque lointaine où le jeune et ignorant journaliste que j'étais s'est surpris à hésiter ? Je n'ai pas honte de l'avouer. Après tout, le doute n'est-il pas le sel de l'esprit » ?
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