Il est loin le temps où un certain Jacob de Banc, marchand de son état, écrivait à Mme. de la Mothe : « Je vous prie aussi de faire mes très humbles baisemains à Mademoiselle de la Buffière. Je suis, avec tout le respect possible, Madame, Votre très humble et très obéissant serviteur. » À chaque époque, son code des bonnes manières. De nos jours, les formules ampoulées ont cédé le pas à des tours plus expéditifs et aussi plus impersonnels du genre : « respectueusement », « sincèrement », « mes amitiés », « (bien, très) cordialement », « à + », « bye » , « ciao » ou la très en vogue « bien à vous (à toi) » qui, à mon grand agacement, ne cesse de proliférer dans nos boîtes aux lettres, réelles ou virtuelles.
Parmi toutes ces locutions censées clore nos échanges épistolaires ou numériques, il en est une à éviter à tout prix. Ainsi, n'écrivez jamais « Veuillez agréer, madame, monsieur, l'expression de mes salutations », fussent-elles distinguées, respectueuses, sincères ou cordiales, les spécialistes de la langue vous feraient les gros yeux. Croisement impropre de « Veuillez agréer l'expression de mes sentiments » et de « Veuillez agréer mes mes salutations », la tournure n'a pas reçu l'agrément des défenseurs des bons usages. L'Académie, bien qu'affirmant n'exercer « aucun magistère en matière de codes sociaux », se permet cependant de rappeler que l' « on ne peut transmettre que l’expression d’un sentiment, d’une attitude (respect, hommage, etc.). On peut seulement dire « (…) agréer mes salutations ». Conclusion : « l’expression de mes salutations » est une sorte de non-sens ». Est-il besoin de préciser que dans l'usage courant, la bougresse continue de passer comme une lettre à la poste ?
À bientôt !
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