samedi 27 novembre 2021

Contact : un cas épineux

Je vous ai déjà parlé de dépistage, de pass(e) sanitaire et de gestes barrière(s). Au risque de paraître un tantinet lourdingue sur la pesante question du (ou de la) Covid, je vais vous en réinjecter une dose, si si, la quatrième et sans doute pas la dernière, au vu de l’actualité et sachant que la capacité d’accueil de mon blog est nettement moins limitée que celle des centres hospitaliers. 
Aujourd’hui, c’est des cas contact(s) qu’il s’agira (et pas « dont il s’agira ») et de l’accord au pluriel des noms mis en apposition, déjà évoqué dans un précédent billet sur les gestes barrière(s). Comme je vous l’avais expliqué, si la règle est simple, son interprétation laisse souvent la porte grande ouverte à la subjectivité (voir l’article « Gestes barrières : le commun accord » publié le 25 novembre), comme dans le dilemme du jour : doit-on accorder « contact » dans l’expression « des cas contact(s) » ? 
Pour ma part, je reste confiné dans le principe qui veut que le nom en apposition s’accorde en nombre avec le nom antéposé si l’on peut établir un lien d’équivalence évident entre les deux. La question à se poser est donc : chaque cas est-il un contact ? 
C’est bien sûr là que l’affaire se gâte. Comme souvent, les ouvrages de référence n’abordent pas le… cas qui nous occupe. A la décharge de leurs auteurs, il y a beau temps que nombre d’entre eux ont rejoint l’au-delà sans être passés par la case « Covid ». 
Faute de mieux, je suis allé tester la Toile, et en particulier sur le forum du site Projet Voltaire où la question a été abordée au sujet de l’expression « personne contact », ce qui revient au même. Pour le « Grand maître » dudit site, « le mot « contact » dans  « personne contact » n’est pas en simple apport de qualification ;  on ne peut pas dire la personne « est un contact » ou « comme un contact », en ayant à l’esprit les acceptions du mot « contact » que nous connaissons. Par contre, il est en apport de complémentation  : il s’agit d’un tour elliptique qui suppose que les termes ne sont pas sur le même plan (Ac.) (…) Conclusion : « contact » pouvant, dans « personne contact », signifier « qui a été en contact avec une personne contaminée », il peut être  considéré comme en apport de complémentation et donc, en principe, invariable. Je propose donc d’écrire : des personnes contact (sans prétendre détenir la solution miracle). »
Pour reprendre une expression à la mode, ce n’est pas faux. A l’entrée « contact », Larousse écrit d’ailleurs : « Personne avec qui on est en relation, avec qui on entre en rapport pour se procurer quelque chose, pour obtenir des renseignements, etc. » L’Académie semble abonder dans son sens avec sa « personne avec qui il convient d’entrer en relation ». 
Convient... Ce qui voudrait dire qu'il s'agit d'un acte délibéré, voire indispensable. Rien de tout cela dans notre « cas contact », qui est au contraire le résultat d’une mise en relation fortuite dont on se serait volontiers passé. Quoi qu'il en soit, l’accord au pluriel s’est majoritairement imposé dans l’usage. Dans son « Petit Lexique du Covid », Le Figaro fait figurer les « cas contacts », sans autre explication, tout comme La Voix du Nord dans son article intitulé « Dix mots qui ont fait irruption dans notre vie avec le Covid-19 ». Le Monde, lui, a suivi le mouvement, à moins qu’il ne l’ait devancé.  Il est vrai qu'en matière d'orthographe, l’ancien « quotidien de la rue des Italiens » a toujours été plus enclin à mettre le contact qu’à monter dans la voiture en marche.   

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