Lu ce matin : « Difficile d’observer la deuxième éruption volcanique de l’année avec les conditions météorologiques dégradées de ce mercredi 22 décembre. Brouillard et pluie sont venus jouer les trouble-fête. » (site de Réunon la 1ère)
Je ne dirai jamais assez tout le bien que je pense des Rectifications orthographiques de 1990 qui, Dieu merci, ne sont restées et ne resteront qu’à l’état de « propositions », mais derrière lesquelles il est devenu si facile de cacher sa misère orthographique.
L’un des plus beaux fleurons de cette "révolution" linguistique est sans nul doute la réforme du pluriel des noms composés. Par souci de simplification, le Conseil supérieur de la langue française, chargé de l’élaboration du document, jugea bon de préconiser l’emploi du « s » (ou du « x ») final au deuxième élément du nom, sans distinction de sens, « lorsque le composé est formé à l’origine soit d’une forme verbale et d’un nom (exemple : essuie-main), soit d’une préposition et d’un nom (exemple : sans-abri) ».
Voilà comment, contre toute logique, ont vu le jour les abat-jours et que sont sortis du brasier les coupe-feux. Sans une levée de boucliers d’un grand nombre d’intellectuels, dont l’avocat réunionnais Jacques Vergès, ces dispositions auraient pris un caractère obligatoire ô combien dommageable pour notre langue. Fort heureusement, quand ils ne snobent pas purement et simplement ladite réforme, les ouvrages de référence offrent le choix entre ancienne graphie et orthographe rectifiée.
Pour ma part, je continue de penser que les pare-soleil parent le soleil, que les cache-poussière cachent la poussière, que les chauffe-eau chauffent l’eau, que les porte-bonheur portent le bonheur et que… les trouble-fête troublent une seule fête à la fois, aussi nombreux soient-ils. Je donnerai donc mille fois raison à mon confrère du site internet de Réunion la 1ère d’avoir opté pour l’invariabilité dans la phrase citée en introduction. Quitte à jouer les rabat-joie.
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