mardi 21 décembre 2021

Performer, l'ami anglais

Lu ce matin : « Ulrich du groupe Zanfan Maron s’exprime au micro de Nicolas Guy avant de performer devant le public venu célébrer la libération des ancêtres esclaves des Réunionnais. » (Linfo.re)

Il ne se passe plus un jour sans que le verbe « performer » n’apparaisse dans les colonnes de nos journaux ou ne surgisse de la bouche de quelque commentateur sportif à court de substituts. 
« Malgré la pénurie de composants électroniques, LDLC continue de performer » (Le Dauphiné Libéré)
« Comment Yohan Ndoye Brouard tente de performer malgré une maladie dégénérative des yeux » (L’Equipe)
« Former la jeunesse pour faire performer nos entreprises » (Ouest-France)

Pourtant, si le vocable « performance », descendant du vieux français « parfournir », "revisité" à la sauce anglaise puis revenu au bercail au XIXe siècle, s’est naturellement (ré)installé dans nos ouvrages de référence, il n’en est pas de même du franglais de verbe censé s'y rapporter. Officiellement, « performer n’existe pas en français, ni comme nom ni comme verbe », tranche sans concession le linguiste Alfred Gilder.  

D'autres membres de la famille ont eu plus de chance. Malgré les mises en garde de l’Académie, le substantif « performeur » et son pendant féminin « performeuse » ont été accueillis à bras ouverts par le Grand Larousse illustré et le Petit Robert, mais est-ce vraiment une surprise ? Point de « performer
 », en revanche. Ni chez Littré, ni chez les Dupont et Dupond de la langue française.

Comme je l’ai avoué dans un précédent billet, je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’il faille systématiquement rejeter l’ « Anglois » à la mer. Et en l’occurrence, il convient de reconnaître que le verbe « performer » vient combler ce vide sémantique dont le linguiste a peur. 
Les verbes « se produire », « s'illustrer », « ou « briller » ne comportent pas la notion d'efficacité escomptée. Quant aux locutions « accomplir, réaliser une performance », « obtenir un bon résultat », « se montrer compétitif », elles ont l'évident handicap de la lourdeur. En conclusion, j’ai beau me gratter la tête, je ne vois pas d’équivalent français satisfaisant. 
Si vous en trouvez un, faites-moi signe. J’apprécierai la performance à sa juste valeur.  

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