Lu hier : « Virginie Boucaud, présidente de Globice, l'ONG dédiée à la science et à la conservation des cétacés de La Réunion et de l'océan Indien; Angélique Goodall, directrice régionale du Pôle emploi, et Joël Sorrès président de l'Odeadom (Office de développement de l'économie agricole outre-mer), sont les Réunionnais promus chevaliers de la Légion d’honneur. » (lequotidien.re)
Allez savoir pourquoi, il existe en France une fâcheuse manie de vouloir mettre des majuscules là où il n'en faut pas : Monsieur le Responsable de la Section Nord de l’Association des Victimes de l’Orthographe par-ci, Madame la Secrétaire Adjointe par Intérim du Comité de Lecture de Saint-Ecrit-avec-les-Coudes par-là... La presse écrite en use généreusement, les institutions et organismes officiels en abusent quand les puristes les récusent.
La "majuscalisation" à outrance a fait tache d'huile dans les fonctions civiles, les grades militaires, les titres religieux... Elle est partout. Je ne partirai pas en croisade contre ceux qui considèrent que notre bien-aimé pape François mérite mieux qu'un vulgaire « p »… de nonne. Mais en français, l'habit typographique ne fait pas le moine. C'est le sens des mots qui leur donne de l'importance. Contrairement à la soupe, la majuscule n’a jamais fait grandir personne.
Partant du constat que ce n’est pas la taille qui compte, la minuscule n’a rien de dégradant. Rois, reines, présidents de la République et ministres s’en passent bien… Pourquoi en serait-il autrement d'un sergent d’infanterie, d'un recteur d’Académie ou... d'un chevalier de la Légion d’honneur ?
L'auteur de l’article cité en introduction a bien fait de ne pas succomber à la tentation de la majuscule de déférence et pour cela, il mérite une médaille. Il n’a pas échappé, en revanche, au piège du verbe mal employé. Je m'explique. La Légion d’honneur (avec un L majuscule), plus haute décoration honorifique française, comprend trois grades, ceux de chevalier, d'officier et de commandeur, ainsi que deux dignités : grand-officier et grand-croix. Dans l'ordre logique des choses, on est d’abord nommé chevalier et non promu puisqu’il s’agit du grade le moins élevé dans la hiérarchie. La notion de promotion n'apparaît qu'au rang d’officier ou de commandeur. Enfin, on est élevé à la dignité de grand officier ou de grand-croix.
Conséquemment, mon collègue du Quotidien aurait dû écrire : « Virginie Boucaud, présidente de Globice, l'ONG dédiée à la science et à la conservation des cétacés de La Réunion et de l'océan Indien; Angélique Goodall, directrice régionale du Pôle emploi, et Joël Sorrès, président de l'Odeadom (Office de développement de l'économie agricole outre-mer), sont les Réunionnais nommés au grade de (ou faits) chevaliers de la Légion d’honneur. »
Quoi qu’il en soit, toutes nos félicitations aux méritants récipiendaires (quel vilain mot !). A ce jour, les personnalités réunionnaises ayant obtenu cet honneur ne sont toujours pas légion.
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