vendredi 25 février 2022

Les Jeux avec un grand « J  »

Lu hier : Comme aux Jeux Olympiques, réunis à l’initiative du District Ouest UNSS, les élèves ont pu observer des sportifs de haut niveau en démonstration et pratiquer les activités nouvellement inscrites aux JO 2024 à savoir le breakdance, l’escalade, le basket-ball à trois et le skate. (Imaz Press Réunion)

Et l’on reparle des J.O. ! Une semaine à peine après la fin de l’édition hivernale 2022, plusieurs collèges et lycées de l’ouest de l’île avaient choisi de se retrouver hier autour de la plus prestigieuse compétition sportive au monde. Je n’ai pas consulté tous les articles publiés dans la presse locale sur le sujet, mais je serais prêt à parier que le match de la majuscule a encore eu lieu entre les rédactions. 
Doit-on écrire jeux olympiques, Jeux olympiques, jeux Olympiques ou Jeux Olympiques ? Le débat existe depuis plus de 120 ans et gageons qu'il vivra tant que les Jeux vivront. 
Mettons tout de suite hors-jeu la première option, qui ne répond à aucune règle typographique en vigueur et que par bonheur, personne n’a adoptée, y compris le très parisien Le Monde, le plus avare d'entre tous en matière de… capitales. Le journal fondé par Hubert Beuve-Méry a jeté son dévolu pour la graphie « Jeux olympiques », suivant ainsi les recommandations du Lexique des règles typographiques en usage dans l’imprimerie nationale, la référence des références. Ce dernier stipule que « les noms des grandes manifestations, périodiques ou non, d’ordre artistique, commercial, sportif, etc., se composent généralement avec une capitale initiale au premier substantif (et à l’éventuel adjectif antéposé) ». Notez la présence de « généralement », éternelle porte ouverte à toutes les infractions. 
Qu'à cela ne tienne, derrière le même drapeau, défile du beau monde : l’Académie française, le Petit Robert, Grevisse, l’Office québécois de la langue française et le gratin de la presse écrite (Le Monde, on l’a dit, Le Figaro, Libération, Le Parisien, Ouest-France, L’Express, La Croix…). Auteur de La majuscule, c’est capital, Jean-Pierre Colignon figure lui aussi dans cette dream team à faire pâlir les linguistes qataris. Le grand maître de l’orthotypographie française opère toutefois un subtil distinguo entre les « Jeux olympiques » de l’ère moderne, avec un « J » majuscule – « ce qui assure l’unification avec l’abréviation courante les Jeux », argumente-t-il –, des « jeux Olympiques » de l’Antiquité grecque pour lesquels il préconise la même graphie que pour les jeux Néméens, les jeux Isthmiques et les jeux Pythiques, modèle dont se sont également inspirés le Petit Larousse, les grammairiens Jean Girodet, André Jouette, Adolphe Thomas ou encore l’Agence France-Presse, partisans minoritaires de la forme « jeux Olympiques ». 
Compte tenu du déséquilibre des forces, la situation aurait presque été simple si le Comité international olympique n’avait lancé son poids dans la mare typographique en revendiquant le tour « Jeux Olympiques ». Peu convaincante, la requête n’est pas pour autant tombée dans l’oreille de sourds : le quotidien spécialisé L’Équipe, Les Échos ou des publications régionales telles que La Dépêche de Midi et Le Dauphiné Libéré ont accroché la foulée des gros pontes de l'olympisme. 
Entre la règle (moderne), l’esprit (antique) et les caprices graphiques du CIO, pas facile, donc, de s’y retrouver. Et si vous pensiez vous en sortir en vous réfugiant derrière le sigle « JO », ne vous réjouissez pas trop vite. Vous trouverez toujours quelque médaillé d’or du point abréviatif pour vous faire observer qu’il eût été plus académique d’écrire « J.O. ». Avouez qu’il y a de quoi perdre la flamme.

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