vendredi 27 janvier 2023

« Se sont succédés » ou « se sont succédé » ?

Lu hier : « Suite aux épisodes de fortes pluies qui se sont succédés ces derniers jours, la route du Littoral était basculée sur les voies de la chaussée côté mer, entre la Grande Chaloupe et la Possession. » (clicanoo.re)

Ainsi que le fait remarquer l'Académie française dans sa très intéressante rubrique Dire, ne pas dire, « l’accord des verbes pronominaux […] est souvent source d’interrogations ou de difficultés ». Et la vénérable institution d'ajouter : « Le verbe "se succéder" est visiblement un de ceux qui donnent du fil à retordre à nos correspondants. » À ses correspondants, « mais pas keeeu »… L'extrait d'article ci-dessus en est la preuve. 
Dans l'hypothèse, peu probable, où vous l'auriez oublié, je rappelle à toutes fins utiles qu'un verbe pronominal est un verbe qui se construit avec un pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous). Exemple : « Je me suis levé du mauvais pied. » Jusque-là, tout va bien. L'affaire est autrement délicate dès que l'on aborde la question de l'accord de son participe passé. « Ils se sont donnés rendez-vous » ou « Ils se sont donné rendez-vous » ? « Elles se sont crêpées le chignon » ou « Elles se sont crêpé le chignon » ? Sachez que dans les deux cas, la seconde option est la bonne.
Pour faire simple, le participe passé d'un verbe pronominal ne s'accorde avec le sujet que si le pronom réfléchi fait fonction de complément d'objet direct. Autrement dit, s'il répond aux questions « qui ? » ou « quoi ? ». Exemple : «Ils se sont lavés. » Ils ont lavé qui ? « Se », c'est-à-dire « eux-mêmes ». En revanche, il conviendra d'écrire « Ils se sont lavé les mains », le COD n'étant plus « se » mais « les mains ». Vous suivez toujours ?
Mais voilà, certains verbes pronominaux n'acceptent jamais de complément d'objet direct. On les appelle des verbes transitifs indirects. En clair, ils se construisent uniquement avec un complément d'objet indirect (COI) qui, lui, répond aux questions « à qui ? » ou « à quoi ? ». Parmi eux, figurent « se parler, se téléphoner, se plaire, se ressembler, se nuire, se suffire » ou encore, pour revenir au sujet qui nous occupe, « se succéder ». Moralité : pas de COD, pas d'accord. 
Pour en revenir aux montagnes d'eau qui se sont déversées sur notre île ces derniers jours, Clicanoo aurait donc été plus inspiré d'écrire : « Suite aux épisodes de fortes pluies qui se sont succédé, la route du Littoral était basculée sur les voies de la chaussée côté mer, entre la Grande Chaloupe et la Possession. » Il ne l'a pas fait. C'est ce qui s'appelle « faire un flop ».

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