jeudi 3 mars 2022

Après que : à titre indicatif

Voici le message récemment adressé par un mien collègue informaticien vigilant et lettré (si, si, il y en a !) à l’ensemble de l’équipe web : « Après que son domicile ait été criblé de balles la nuit dernière, le maire de Saint-André reçoit le soutien unanime de l’ensemble de la classe politique Réunionnaise. = > a été (après que est suivi de l’indicatif) » Une correction de bon aloi qui, je l’espère, n’est pas tombée dans les yeux d’aveugles. 

Je le sais, ça ne sonne pas bien à l’oreille et je confesse avoir parfois sacrifié la règle grammaticale sur l’autel de l’élégance phonétique. C’est pourquoi le billet du jour pourrait s’intituler « Faites ce que je dis, pas ce qu’il m’est arrivé de commettre ». J’ai bien écrit « qu’il m’est arrivé » car aujourd’hui, je suis guéri, aussi sûrement que la (le) Covid qui m’a ralenti la vie pendant une semaine a fini par comprendre à qui elle (il) avait affaire. Non, mais ! 

La locution conjonctive « après que » introduit un fait attesté, passé ou futur. Elle exige donc l’indicatif (mode du réel), à la différence d’ « avant que », qui introduit une action incertaine, éventuelle, et qui doit donc être suivie du subjonctif (mode du virtuel, de la subjectivité). 

Une fois que l’on a dit cela, on n’a pas tout dit. Encore faut-il, en effet, ne pas se prendre les pieds dans la concordance des temps qu’il convient de respecter et dont vous trouverez un résumé ci-dessous : 
- Ils vont (présent) toujours manger entre collègues, après qu’ils ont fini (passé composé) leur travail. 
- Ils allaient (imparfait) toujours manger entre collègues après qu’ils avaient fini (plus-que-parfait) leur travail. Action répétée. 
- Ils n’allaient (imparfait) plus manger entre collègues après que leur restaurant habituel eut fermé (passé antérieur). Action ponctuelle. 
- Ils sont allés (passé composé) manger entre collègues après qu’ils ont eu fini (passé surcomposé) leur travail. 
- Ils allèrent (passé simple) manger entre collègues après qu’ils eurent fini (passé antérieur) leur travail. 
- Ils iront (futur simple) manger entre collègues après qu’ils auront fini (futur antérieur) leur travail. 
À noter que dans le langage courant, le passé surcomposé est fréquemment et abusivement remplacé par le passé composé : 
- Ils sont allés (passé composé) manger entre collègues après qu’ils ont fini (passé composé) leur travail.

Pour ceux qui douteraient de leurs capacités à jongler avec les temps, il est toujours possible de contourner l’obstacle en remplaçant la forme verbale de la subordonnée (introduite par « après que ») par une forme nominale. Ce subterfuge a également l’avantage d’atténuer la lourdeur de la phrase. 
- Ils sont allés (allaient, allèrent, iront) manger entre collègues après leur travail. 
- Ils n’allaient plus manger entre collègues depuis la fermeture de leur restaurant habituel. 
Dans la phrase citée en introduction, il était ainsi possible d’écrire : « Après les tirs de balles dont a été la cible son domicile la nuit dernière, le maire de Saint-André reçoit le soutien unanime de l’ensemble de la classe politique réunionnaise. » 

Plus léger, n’est-ce pas ? Et surtout, moins glissant.

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