Voilà l’exemple même du journaliste qui écrit exactement l’inverse de ce qu’il voulait exprimer. Et à part quelques vieux pinailleurs comme moi, vous ne trouverez personne pour s'en émouvoir tant le sens incriminé s'est imposé dans l’usage courant. Pauvre Toni Kroos, pauvre Casemiro ! Les deux brillants milieux de terrain du Real Madrid méritent mieux que d’être ainsi relégués au rang de vulgaires sous-fifres.
Car à l'encontre de l'idée reçue, « comparse » n’est pas synonyme de « complice », tant s’en faut. À la décharge des nombreux contrevenants, il faut reconnaître que la proximité phonétique des deux mots peut prêter à confusion. Elle y prête à tel point qu’aujourd’hui, « comparse » n’est presque plus jamais employé dans la seule acception qui lui est pourtant à ce jour reconnue : « acteur ou actrice qui remplit un rôle muet, personnage dont le rôle est insignifiant ». Bien souvent, au contraire, on accorde au comparse une place de premier plan qui ne lui revient pas de droit. Un crochet par la Toile le confirme. Sur quelque cinquante médias numériques consultés par mes soins, aucun n’avait usé du terme à bon escient.
Je vous livre les derniers en date :
– « Le capitaine Daniel Congré, le meilleur buteur Aurélien Scheidler et leurs comparses Cheick Traoré et Willity Younoussa étaient pourtant là pour discuter… » (France Bleu)
– « Les deux comparses sont soupçonnés d'avoir violenté plusieurs membres de leur famille avec une bombe lacrymogène dans la soirée du mardi 26 avril, à Tocane. » (Sud Ouest)
– « Un homme a été jugé en comparution immédiate lundi 25 avril 2022 pour s'être introduit avec deux comparses au domicile d'une famille au milieu la nuit et d'avoir dérobé des objets. » (Le Pays d’Auge)
Malgré ce raz de marée d’emplois erronés, les dictionnaires usuels semblent décidés à tenir bon la barre, refusant de se faire les complices d’un usage ô combien condamnable. Jusqu’à quand ?
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