lundi 15 juillet 2024

No soucy

Lu jeudi dernier : « "Que ce soit ici ou ailleurs. je saurai gérer pas de soucis", ajoute Michael Rodier, conducteur de bus. » (linfo.re)

« Il n'y a pas de souci(s) », « pas de souci(s) »… Eh bien si, justement, il y en a un. Comme souvent, en effet, l'usage ne semble guère se soucier des injonctions puritaines de l'Académie française. « On entend trop souvent dire il n’y a pas de souci, ou, simplement, pas de souci, pour marquer l’adhésion, le consentement à ce qui est proposé ou demandé, ou encore pour rassurer, apaiser quelqu’un, souci étant pris à tort pour difficulté, objection », s'inquiétaient les grands sages du quai Conti, dès octobre 2011. 
Treize ans se sont écoulés et la prolifération des expressions visées s'est accélérée. Au point qu'aujourd'hui, on se préoccupe moins de leur bien-fondé que de la présence ou non d'un « s » final à « souci(s) ». « "Pas de souci" ou "pas de soucis" ? », s'interroge le Projet Voltaire. « Pas de "soucis" ou "souci" : que faut-il écrire ? », reprend en écho le quotidien 20 Minutes quand Le Figaro écrit : « "Pas de souci(s)" : que faut-il écrire ? ». En cette période post-électorale, disons tout de suite que le singulier l'emporte largement dans les suffrages, tout comme il s'était imposé dans « pas de problème », autre tic de langage naguère décrié. L'humain ne serait donc tracassé que par un souci à la fois. À voir…
Pour ce qui est de la question sémantique, je serais enclin à rejoindre les détracteurs de l'expression « pas de souci(s) » au sens de « pas de problème(s) », « souci » n'ayant jamais été un substitut de « problème », que je sache. En revanche, il est bel et bien synonyme de « préoccupation », d' « inquiétude », et sous ces acceptions, l'emploi de « pas de souci(s) » me paraît des plus... acceptables.
No soucy ?

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