vendredi 17 décembre 2021

Topographie des lieux, l'inutile mise en relief

Lu hier : « Constatant également la topographie compliquée des lieux, Fabien Roussel a aussi déclaré : "Je souhaite que la justice fasse pleinement son travail'' » (Imaz Press Réunion)

Nous en usons quotidiennement… à l’insu de notre plein gré. Poussant comme le chiendent dans un champ de blé, les pléonasmes se comptent par centaines dans le langage courant, des plus répandus (« monter en l’air », « descendre en bas », « se moucher le nez », « suivre derrière », « marcher à pied »…), aux plus sournois (« au jour d’aujourd’hui », « taux d’alcoolémie », « importer de l’étranger », « imiter l’exemple », « inaugurer l’ouverture », « une vieille femme de 87 ans », mais aussi « etc… » ou « 1/8e de finale »…).

Dans cette jungle d’expressions qui disent deux fois, voire trois fois la même chose, la « topographie des lieux » n’est pas la plus tape-à-l’œil, certes. Elle sonne bien et échappe plus qu'à son tour à la vigilance du lecteur, comme à celle du scripteur. Pourtant, derrière ses airs de ne pas y toucher, elle cache une répétition que rien ne justifie. Car « topographie suffit », rappelle en effet Alfred Gilder, dans son ouvrage 
Les 300 plus belles fautes à ne pas faire, qu'en cette période propice aux cadeaux, je vous conseille d'offrir à vos proches les plus lettrés... Aux autres aussi, d'ailleurs.

Bref, je vous disais donc qu'il n'y a pas lieu d'alourdir cette pauvre "topographie" d'un complément du nom qui fait déjà partie de son ADN. Il faut remonter à la racine des mots (ou des maux, selon votre degré de douleur à les maîtriser) pour comprendre l’emploi fautif de cette locution qui, à l'instar de nombre de pléonasmes, relève d'une évidente peur du vide. Le substantif « topographie » est né du mariage de deux termes grecs : « topos » (lieu) et « graphein » (écrire, dessiner). D’où sa définition : description détaillée d'un lieu, configuration d’un lieu. On peut parler de la topographie de la Bretagne, du piton des Neiges ou du champ de son voisin. En revanche, lui accoler le mot « lieu » n’est rien d’autre qu’une inutile et redondante... mise en relief. 

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