Je mentirais si je disais qu’aucune forme de jouissance ne m’a envahi à la vue de cette tournure que nos grands penseurs de la langue se font un malin plaisir d’épingler. Pour Thomas, par exemple, « jouir [...] emporte l'idée d'une chose agréable, d'un plaisir, d'un avantage » ; selon Littré, « jouir, impliquant une satisfaction, ne se dit pas des choses mauvaises ».
Je me délecte d’une telle – et rare – union sacrée. Nul besoin, donc, d’en ajouter. Mais bizarrement, le message ne semble pas arrivé jusqu’aux oreilles de certains de mes confrères de métropole.
– « S'il est bien un serpent qui jouit d'une mauvaise réputation, c'est bien l’anaconda. » (Geo)
– « Le Patriarcat moscovite jouit d'une mauvaise réputation en Ukraine. » (La Croix)
– « Un quartier qui jouit d'une mauvaise réputation… » (Nice-Matin)
– « Ce n'est pas forcément très recherché car le quartier jouit d'une mauvaise réputation… » (Ouest-France)
Et j’ai relevé le même barbarisme dans les colonnes du Figaro, du Parisien, du Point, du Progrès, du Télégramme, de Midi Libre, de L’Indépendant, de La Dépêche, de La Voix du Nord… Rien que des publications jouissant pourtant d’une excellente réputation.
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