dimanche 6 novembre 2022

On verra plus tard

Lu il y a deux jours : « Un vol était prévu ce jeudi matin avec la compagnie Air Austral mais il a été reporté à une date ultérieure. Les passagers sont dans l’attente et sont excédés. » (linfo.re)

C'est le type même de sujet que l'on serait tenté de remettre à plus tard. Et pour cause, dans la série « Comment en dire trop quand on a peur de ne pas en dire assez », voici l'expression « reporter à une date ultérieure » ! Nous l'avons tous employée un jour. Si, si, ne dites pas non. Et pourquoi ne pas l'avouer, nombre d'entre nous continuent d'en user… pas toujours à l'insu de leur plein gré, aurait dit le populaire Richard Virenque. Nous savons qu'il ne faut pas, mais nous le faisons quand même. L'usage courant est ainsi — mal — fait. 
Pourtant, l'Académie, pour ne citer qu'elle, nous rappelle à toutes fins utiles que « reporter » signifie « remettre à un moment, à une époque ultérieurs » et que, partant de là, il n'est nul besoin de l'alourdir d'une « date ultérieure » à tout le moins pléonastique. La remarque vaut bien sûr pour le substantif « report » ou les verbes « ajourner » ou « différer ». En revanche, il vous sera loisible de reporter à la semaine prochaine, à une date indéterminée ou la plus lointaine possible votre repas dominical chez belle-maman, autant de compléments qui en disent long sur l'échéance du report et… sur votre intérêt pour ce sacro-saint rendez-vous familial. 
À l'encontre de tout bon sens, la presse ne s'embarrasse pas de tels préjugés. On ne compte plus dans les colonnes de nos journaux préférés les annonces de matches, de réunions, de décisions, de procès ou d'événements en tous genres, reportés à une date ultérieure. La Route du rhum n'a pas résisté à cette tempête d'emplois fautifs. Son « départ est reporté à une date ultérieure…», écrivait ainsi, pas plus tard qu'hier, le pourtant très recommandable quotidien Ouest-France. Même les meilleurs ne sont pas à l'abri d'une avarie de langage.

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