vendredi 9 décembre 2022

Le « on », le fond et la forme

Lu ce matin : « Coupe du monde : "On n’est pas inférieur aux Anglais", selon Adrien Rabiot » (linfo.re)

Et l'on reparle de l'accord par syllepse ! Vous savez cet accord à tout le moins bancal qui repose sur le — bon — sens et non sur le respect pur et dur des règles grammaticales. J'avais déjà évoqué la question à propos des noms collectifs, ces termes au singulier désignant un ensemble d’individus ou d’objets (nuée, armée, bataillon, palanquée, millier, dizaine, moitié…). Doit-on dire « une foule de manifestants s'est massée dans les rues de Saint-Denis » ou « une foule de manifestants se sont massés dans les rues de Saint-Denis » ? Questionnement bien singulier, n'est-ce-pas, dans un tel contexte de pluralité ? Et c’est justement là qu’est le hic. Si vous voulez connaître le fond de ma pensée sur cette forme propre à alimenter les débats, je vous invite à relire l'article que je lui avais consacré le 19 avril dernier (https://moucatalire.blogspot.com/2022/04/noms-collectifs-vot-bon-sens-msieurs.html). 
Alors que les grands penseurs de la langue semblent aujourd'hui ouverts au fait qu'un nom au singulier puisse être suivi d'un verbe, d'un attribut ou d'une épithète au pluriel, nombre d'usagers à l'esprit cartésien vivent comme un supplice l'existence de cet attelage contre-nature. Je peux d'autant mieux mesurer leur gêne qu'autrefois j'ai été l'un des leurs. 
Le même dilemme se pose avec l'emploi du pronom indéfini « on ». La grammaire et la logique veulent que lorsqu'il évoque un sujet indéterminé, il soit suivi d'un verbe au singulier. Exemple : « On peut rouler sans permis. » S'il est déconseillé de le faire, il vous est loisible de l'écrire.
À l'inverse, si « on » désigne un sujet clairement identifiable, le verbe s'accorde en genre et en nombre avec ce sujet. C'est le cas dans la phrase citée en introduction. « On » y remplace — de façon abusive et inutile — le pronom « nous ». Adrien Rabiot eût été plus inspiré de dire : « Nous ne sommes pas inférieurs aux Anglais ». Le milieu de terrain des Bleus s'est trompé sur la forme. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il ait vu juste sur le fond. 

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