Lu il y a quelques jours : « La Commission anticorruption qui « enquête » depuis sept ans sur le trafiquant de drogue, est sortie de son hibernation lundi. » (Le Quotidien de la Réunion)
À la première lecture, j'ai cru avoir affaire à un énorme contresens. Les guillemets encadrant le mot « enquête » et la suite du récit m'ont bien vite convaincu du contraire. En parlant d'hibernation, mon ancien collègue était même en dessous de la vérité, sachant que si la Financial Intelligence Unit (FIU) ne les avait pas sortis de leur ronron, les enquêteurs mauriciens dormiraient encore d'un profond et long sommeil sur le dossier dont il est question dans l'article du Quotidien. Sept ans que cela durait ! Sept hibernations donc, et autant d'estivations.
Voilà qui éveille en moi l'envie de vous rappeler que les verbes « hiverner » et « hiberner » ne se ressemblent pas comme deux boules de neige. Issus du latin hibernare (être en quartiers d'hiver), les deux paronymes n'ont pas le même sens. « Hiverner » signifie « passer l'hiver à l'abri » et ne revêt aucune notion d'endormissement. C'est le cas du bétail que l'on rentre à l'étable ou la bergerie à la mauvaise saison ou de certains retraités chanceux de ne pas être traités comme du… bétail et qui, dès les premières gelées, partent se réchauffer dans des contrées tropicales comme la nôtre.
« Hiberner », en revanche, c'est « passer l'hiver en état léthargique ». Cette fois, vous l'aurez remarqué, il n'est plus nécessairement question de déplacement, mais d'un interminable engourdissement. Contrairement à l'ours, que l'on considère à tort comme le symbole de l'hibernation animale, la chauve-souris hiberne, la marmotte hiberne. Le hérisson, le loir, l'escargot, le tenrec, les spermophiles, l'engoulevent commun hibernent eux aussi. En revanche, loin de moi l'idée de vouloir comparer les policiers mauriciens à des « hibernatus » des temps modernes. Leur forte propension à fermer les yeux ne signifie en rien qu'ils passent leurs journées à dormir du sommeil de… l'injuste.
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