Je ne sais si, comme l'écrivait Pindare, « l'adversité met la prudence au cœur de l'homme », mais ce qui est sûr, c'est que l'usage courant la fait très — trop – souvent passer pour ce qu'elle n'est pas. L'Académie met en garde : « Les noms " adversaire " et " adversité" ont la même origine, le latin advertere, " tourner vers ou contre ", mais leurs sens diffèrent grandement. Adversité désigne le sort contraire, la fortune adverse et, par extension, les malheurs provoqués par cette mauvaise fortune. L’adversaire est la personne opposée à une autre dans un procès, une lutte, une compétition. Il convient de ne pas confondre ces deux termes et de faire d’adversité une forme de singulier collectif qui désignerait l’ensemble des adversaires. »
Voilà qui est dit. Et pour ceux qui douteraient encore : sachez que les dictionnaires usuels, Littré, suivi (ou précédé) par les Dupont et Dupond de la langue française (Larousse et Robert, je dirais même plus, Robert et Larousse) n'affirment pas autre chose.
Il est donc impropre d'écrire :
- « Réginald Ray, fidèle à ses propos, n'a donc pas regardé de trop près le classement de l'AS Nancy Lorraine pour juger de... l'adversité du jour. » (Ouest-France)
- « Que lorsqu'il fallait retrousser les manches pour combattre l'adversité, les protégés du président Bao Nguyen n'étaient pas les derniers. » (La Nouvelle République)
- « ... les volleyeurs brivistes ont engrangé 3 précieux points samedi dernier face aux Bretons qui ont opposé une belle adversité… » (La Montagne)
Trois confusions de sens parmi d'autres dénichées en l'espace de seulement vingt-quatre heures. J'avais presque oublié qu'en matière d'outrages à la langue, nos médias chéris ont (hélas !) peu d'adversaires à leur taille.
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