L'autre jour, je surfais « innocemment » sur « Googueule » en quête de quelque perle à pêcher quand je suis tombé sur un article du très sérieux quotidien Le Monde. Il disait ceci : « "Nous voulons un droit de visite efficace, clair, opérationnel pour les douaniers", a évoqué d’entrée le ministre de l’Économie, lors d’un webinaire ouvert à tous les douaniers. »
Webinaire. Tiens, donc ! Je ne suis pas douanier et j'eus beau tenté de repousser les frontières de mon imaginaire, je n'ai pu empêcher mon cerveau de boguer à la vue de ce mot-valise que je ne connaissais ni d'URL ni d'écran. Le temps d'une mise à jour sur Le Robert en ligne (bien sûr), je découvrais que, né de l'union de « web » et de « séminaire », « webinaire » est un « séminaire ou une réunion interactive dont les participants communiquent à distance via Internet ». Après tout, j'aurais dû m'en douter, mais je l'avoue, mes algorithmes commencent à dater.
Quelle ne fut pas ma (cyber)surprise de constater que le mot bénéficie des faveurs du dictionnaire cher à Alain Rey depuis 2019, année d'adoption d'autres réalités virtuelles : cyberdéfense, cybersécurité, e-sport, darknet, chatbot, log-in, vlog et vlogueur, téléprospection (et « teur ») ou encore hacktivisme (introduction frauduleuse dans un système ou un réseau informatique pour le détourner). J'allais oublier l'impayable rançongiciel qui, selon la définition du ministère de l'Économie, est un logiciel malveillant qui « bloque l'accès à l'ordinateur ou aux fichiers des victimes et qui leur réclame le paiement d'une rançon pour en obtenir à nouveau l'accès. » Quelle époque ! Je vais finir par regretter le temps béni où les ravisseurs postaient des bouts de phalanges sous enveloppe timbrée.
Ces dernières années, nos Dupont et Dupond de la langue française (Larousse et Robert) ont rivalisé d'hospitalité pour accueillir à pages ouvertes ces nouveaux migrants venus du web. Les « cybercerbères » de nos « cyberdéviances » ont ainsi fait des petits (cybercrime, cyberdjihadisme, cyberharcèlement, cyberespionnage) et les vocables « télétendances » se sont multipliés : spammer, datacratie, deep-learning, vidéoverbalisation, télétravail, illectronisme, fintech, biotech, crypto Art, technophobe ou technophile…, au point que nos chers « hashtag » et « QR Code » font déjà presque figure de préretraités de la Toile. Pour tout vous dire, je redoute ce jour, pas si lointain, où l'on parlera de « télédigestion », d' « e-toilets » ou de « mariaginaire ». Nous mangerons à distance et « ordinaire » sera devenu synonyme de « digitalement banal ». N'y voyez pas là la prédiction d'un pseudo-visionnaire aigri. Juste la Net impression d'un internaute dépassé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire