jeudi 4 mai 2023

Chacun... à parts égales

Lu tout à l'heure : « Depuis la réforme de ce sésame nécessaire pour entamer des études universitaire (sic), le contrôle continu et les épreuves de spécialités comptent chacun pour 40% de la note finale. » (Imaz Press Réunion)


À l'entrée « chacun » de n'importe quel dictionnaire ou ouvrage consacré à la langue française, vous trouverez invariablement la liste des mêmes conseils à suivre dans l'emploi de ce terme aux multiples pièges. On commencera par vous rappeler qu'après les locutions « chacun d'entre nous, chacun d'entre vous et chacun d'entre eux », l'accord se fait avec « chacun », donc au singulier. Vous découvrirez ensuite que vous pouvez tout aussi bien dire que vos invités sont partis « chacun de leur côté » que « chacun de son côté ». 

Quelques lignes plus bas, vous tomberez sans doute sur un paragraphe (relativement court) vous expliquant que les expressions du type « 5 000 euros chaque » ou « un échantillon de chaque » ne doivent pas être employées en lieu et place de « 5 000 euros chacun » ou « un échantillon de chacun ». 

Avancez dans la difficulté et vous saurez qu'il est fortement déconseillé de « laisser un espace d'un mètre entre chaque personne », sachant qu'au nom d'une logique toute mathématique, la préposition « entre » ne peut être suivie que de deux substantifs ou d'un substantif au pluriel. Vous serez aussi enjoints de ne pas confondre le « barbare » « tout à chacun » avec le très correct « tout un chacun ». Enfin, si vous allez au bout de votre bourrative lecture, vous apprendrez que lorsque « chacun » se rapporte à des noms de genres différents, il reste au masculin. En clair, on doit dire : « Son frère et sa sœur ont chacun deux enfants. » 

Fin de la litanie. 

Vous l'avez compris, vous aurez beau fouiner, vous ne trouverez aucun indice susceptible de vous éclairer sur le cas qui nous intéresse, autrement dit, lorsque « chacun » se rapporte à deux noms différant à la fois en genre et en nombre, comme dans l'extrait d'article cité en introduction. À partir de là, dites-vous que vous n'avez plus qu'un seul allié : votre bon sens. Et en pareilles circonstances, le mien de bon sens me glisse toujours à l'oreille le même conseil : « Ne t'acharne pas. Contourne donc l'obstacle, imbécile ! » 

Voilà pourquoi, n'écoutant que ma lâcheté, je vous suggérerais de modifier la tournure de la phrase en vous gardant bien d'y faire figurer le mot « chacun ». Cela pourrait donner quelque chose du genre : « Depuis la réforme de ce sésame nécessaire pour entamer des études universitaires, le contrôle continu et les épreuves de spécialités se partagent à parts égales 80% de la note finale. »

Libre à chacun d'entre vous de me suivre sur cette voie détournée. 

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