dimanche 14 novembre 2021

Alternative : s’adapter ou...s'adapter

Lu ce matin : "Une initiative couronnée de succès, offrant une alternative sérieuse aux soins traditionnels (...)" (Le Quotidien)

Avec « alternative », on a le choix. Il suffit de se baisser pour trouver dans la presse ce mot qui fait fureur, accommodé à des sauces souvent lourdes à digérer pour l'estomac du puriste, connu pour sa fragilité. 

– « La CIVIS a développé de nombreux aménagements dans le cadre du Transport en commun en site propre (TCSP), un projet qui vise à proposer une alternative de mobilité de déplacement sur la ville. »

– « À Bangkok, la mode du kratom, alternative aux boissons alcoolisées. »

– « Contrôle technique des deux-roues : Jean-Baptiste Djebbari prépare une alternative. » 

– « L'industrie du jute veut croire en son nouvel essor, comme alternative au plastique. »

Je pourrais hélas (!) multiplier à l'infini les exemples d'emploi abusif. Une petite recherche personnelle m'a d'ailleurs permis de constater que sur 50 médias francophones numériques ayant eu recours récemment au mot « alternative », aucun n'avait respecté la seule acception autorisée à ce jour. 

Contrairement à ce que l’on croit, ce que l’on dit ou ce que l’on écrit par ignorance ou par mimétisme, une alternative n’est ni une solution ni une option, mais bien le choix entre deux propositions, deux possibilités, comme s’épuisent à le rappeler l’Académie française et la quasi-totalité des ouvrages de référence. On n’emploiera donc pas « alternative » au sens de « chacun des termes du choix », met ainsi en garde le grammairien belge Maurice Grevisse, dans son Bon Usage.

Et si Larousse et Robert, nos Dupont et Dupond de la langue française, ont accueilli l’extension de sens du mot « alternative », ce n’est pas sans avoir ouvert le parapluie et s’être abrités sous la mention d’usage : « emploi critiqué ». C'est tout dire lorsque l'on sait la propension de nos deux frères ennemis à servir de refuge à toutes les audaces langagières venues. 

Mais malgré les nombreux barrages érigés, la dérive semble irréversible. Au point qu’il y a fort à parier que les défenseurs du sens originel d’ « alternative » n’auront bientôt d’autre choix que de s’adapter… ou de s'adapter.

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