Doit-on écrire Droits de l’homme, droits de l’homme, Droits de l'Homme ou droits de l'Homme ? L’usage courant est à tout le moins flottant. Dans le doute, la presse écrite avance à tâtons, sans pouvoir compter sur les conseils des ouvrages de référence, partagés - ou muets - sur le sujet. Ainsi, le très respectable Lexique des règles typographiques en usage dans l’imprimerie nationale et le non moins sérieux Office québécois de la langue française défendent les « Droits de l’homme » avec un « D » majuscule, tandis que le Petit Robert milite pour les « droits de l’homme », dans le sillage de l’Académie française. Alors, à qui se fier ?
Difficile de le savoir, d’autant que le brouillard s’épaissit lorsque l’on pousse le vice jusqu’à élargir la recherche à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, à moins que ce ne soit la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ou peut-être bien la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ? Là encore, c’est la grande nébuleuse.
Pour ce qui est de l’emploi ou non de la majuscule à « déclaration », le Lexique des règles typographiques en usage dans l’imprimerie nationale nous explique, à bon droit, que certaines dénominations de textes politiques sont devenus de « véritables noms propres » et que, partant, leur mot initial doit porter la majuscule, de même que l’adjectif éventuellement antéposé. Exemples : l’Acte additionnel, le Code Napoléon, les Dix Commandements et… la Déclaration des droits.
Reste l’épineuse question du « h » de « homme ». Le linguiste Bruno Dewaele y répond avec sa sagacité habituelle dans son excellent blog « À la fortune du mot » que je vous recommande vivement d'aller explorer. « Dans le cadre de cette déclaration solennelle, le mot "Homme", avec un grand H, a vocation à désigner l'humanité tout entière et donc à inclure sans ambiguïté les droits des femmes, explique l’ancien champion du monde d’orthographe. Le hic, c'est que je ne retrouve jamais (sauf erreur de ma part) ce H prétendument majuscule dans nos habituels ouvrages de référence : ni chez Larousse, ni chez Robert, ni dans les pages du TLFi, ni dans celles du Dictionnaire de l'Académie française. Girodet ne tolère ladite majuscule que pour l'Homme-Dieu, autrement dit Jésus-Christ. Quant aux immortels, ils ne cautionnent son emploi que dans le domaine scientifique, quand il s'agit d'évoquer le « genre Homo ». Cette majuscule semble donc bien relever de la légende urbaine, en déduit-il, au même titre d'ailleurs que celle dont plus d'un pare la grande histoire, à seule fin de la distinguer, telle la serviette du torchon, de la drôle. »
Sans doute portés par la même logique, Le Monde, Le Figaro et Libération ont jeté leur dévolu sur la graphie « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ».
Un choix que, bien modestement, je cautionne sans réserve. C'est mon droit, non ?
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