lundi 17 janvier 2022

Personnel, la singularité du collectif

Lu la semaine dernière : « Manifestations : Les personnels hospitaliers dans la rue pour exiger "des moyens" pour l’hôpital  » (Imaz Press Réunion)

Les linguistes le condamnent unanimement (c'est assez rare pour l'écrire) quand l’usage l’a accueilli - à tort - à bras ouverts. L’emploi au pluriel du nom « personnel » fait partie de ces dérapages langagiers qui, non contents de proliférer, finissent par devenir "tendance", comme on dit aujourd'hui. Et c’en est agaçant. 
Nul besoin de s'aventurer très loin sur la Toile pour le constater :
« Délais d'application des nouveaux protocoles sanitaires, communication entre les personnels enseignants et le gouvernement, soutien à… » (LCI) ; « Lézignan : "Le manque de respect des personnels a fait déborder le vase !’’ » (L’indépendant); « Éducation Nationale : quid des personnels en disponibilité ? » (Sud Ouest)… N’en jetez plus, la cour des non-sens est pleine. J’ai même croisé la bête pas plus tard que ce matin dans les colonnes d’un journal que j’aime bien. 

Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes (je l’écris par réflexe plus que par conviction), « personnel » est un nom collectif. Il désigne à lui seul un ensemble d’individus travaillant dans une entreprise ou une branche d’activités et ne s’emploie - normalement - qu’au singulier : le personnel enseignant, le personnel administratif, le directeur du personnel… 
« Personnel » n’est donc pas synonyme de « personne ». On ne dira pas « un personnel a été licencié » mais « un salarié, un contractuel, un employé, un membre de l’entreprise (les mots ne manquent pas)… pointe désormais à Pôle emploi ». 

La forme plurielle « personnels » n’est admise que lorsque l’on évoque de façon claire des catégories distinctes de personnel, comme dans la phrase « Quarantaine pour les personnels navigants et au sol exposés au Covid » (La Tribune), sous-entendu « le personnel navigant et le personnel au sol ». 

Dans l’extrait cité en introduction, mes confrères d'Imaz Press Réunion auraient donc été plus inspirés d’écrire : « Manifestations : Le personnel hospitalier dans la rue pour exiger "des moyens" pour l’hôpital  ». 
Une revendication, cela dit en passant, on ne peut plus légitime. Mais ce n’est là qu’un avis personnel.

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