Dans la société de l’ultra-communication qui est la nôtre où à peu près tout et n’importe quoi circule sur la Toile, y compris des blogs tels que le mien (quelle misère !), il est de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux, mélange « énormément plus toxique que le faux pur », prétendait Paul Valéry.
Tout cela pour vous parler des expressions « s’avérer faux » et « s’avérer vrai » que d’aucuns qualifient de non-sens pour la première, d’affreux pléonasme pour la seconde. À dire vrai, les apparences plaident en faveur des esprits chagrins. « Issu du latin verus (« vrai »), « avérer » ne signifie-t-il pas à l’origine « se faire connaître pour vrai » ? Partant, il semble absurde de lui accoler les adjectifs « vrai » et « faux », voire « exact » ou encore « inexact ». Adolphe Thomas juge « cocasses » et « indéfendables » de telles tournures. En des termes différents, l’Académie française et Jean Girodet lui emboîtent le pas dans leur quête de vérité... vraie.
D’autres linguistes se veulent moins à cheval sur les principes, estimant que sous sa forme pronominale, « avérer » a pris au fil du temps le sens de « se révéler », « se confirmer », « paraître », « se montrer », « apparaître », des acceptions accréditées par les dictionnaires usuels. Pour Joseph Hanse, il n’y a donc « plus rien d’anormal à dire "s’avérer vrai" ou "s’avérer faux" ».
Bien que l’argument soit à tout le moins recevable, je vous inviterai toutefois à éviter l’emploi de ces expressions ambiguës et sujettes à critiques. Plutôt que de se prendre l’obstacle de plein fouet, mieux vaut encore le contourner. Pas vrai ?
Remarque : il est inutile de faire suivre du verbe « être » les verbes « s’avérer » et « se révéler ». On dira : « Nos dépenses se sont révélées (ou avérées) plus importantes que prévu » et non « Nos dépenses se sont révélées (ou avérées) être plus importantes que prévu ».
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