mardi 15 février 2022

Jusqu'à la Saint-Glinglin

Lu hier : « NRL : la route ne sera pas terminée "à la Saint-Glinglin" assure Sébastien Lecornu. » (Imaz Press Réunion)

Que le ministre des Outre-mer déclare que « la (nouvelle) route (du littoral) ne sera pas terminée "à la Saint-Glinglin’’ » ne peut que nous réjouir. Il faut y voir le signe que l’interminable feuilleton de la NRL ne finira pas en cul-de-sac, si aucun nouvel accropode défectueux ne vient se mettre en travers du cher et précieux tronçon en mer devant relier Saint-Denis à La Possession. 

Devenue aujourd’hui un peu désuète, la locution « à la Saint-Glinglin » signifie « à une date indéterminée », « à une date très lointaine », voire « jamais ». En ce sens, elle rejoint de nombreuses autres expressions imagées évoquant une issue improbable ou impossible : « à la semaine des quatre jeudis », « quand les poules auront des dents », « tous les 36 du mois », « au 30 février » ou « aux calendes grecques »... Accompagnée d’un verbe employé à la forme négative, elle équivaut au contraire à « bientôt », « le plus tôt possible ».

Inutile de vous jeter sur votre calendrier des postes 2022 pour connaître la date à laquelle se fête ce saint au nom « déglinglingué ». « Glinglin » (parfois écrit glin-glin) n’existe pas, pas plus que Nitouche, déformation de « n’y touche », ou Frusquin, du vieux mot argotique « frusquin » (habit, vêtement, qui a donné frusques). 

Malgré ses religieuses apparences, l’expression « à la Saint-Glinglin » n’est pas née sur les bancs d’une église. Attestée à la fin du XIXe siècle, elle « est probablement composée de "seing", issu du latin classique signum, "signal" puis "sonnerie de cloche" en bas latin, et d’un dérivé du verbe dialectal « glinguer » (sonner). "Seing" au sens de "cloche", aussi écrit "saint" (1170), a été confondu avec "saint" issu de sanctus », retrace Alain Rey dans son Dictionnaire historique de la langue française. On trouve à la même époque des équivalents au nom tout aussi cocasse : à la Saint-Saucisson, à la Saint-trou-du-cul, à la Saint-Ripolin… 

Si elle conforte la Région dans sa volonté d’en finir au plus vite avec un chantier brûlant, l’annonce faite par le ministre de l’Outre-mer n’a – hélas ! – pas fait que des heureux. Farouchement opposés à l’option de fin de travaux choisie (celle du « tout-viaduc »), les transporteurs n’ont sans doute pas dit leur dernier mot. Mais j'ai bien peur qu'après la bénédiction gouvernementale d'hier, il ne leur reste plus aucun un saint à qui se vouer.


Remarque : Les calendes étaient le premier jour du mois chez les Romains. C’était aussi le jour d’échéance des dettes. Elles n’existaient pas chez les Grecs, d’où l’expression « renvoyer aux calendes grecques », autrement dit, à une date qui ne viendra jamais. Ne pas écrire « aux calendres grecques »  ni « aux calanques grecques ». 

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