Publiée sous la rubrique « TCO actualité » d’Imaz Press Réunion, l’invitation ci-dessus n’a pas manqué de m’intriguer. Alors, par curiosité, je suis allé voir le temps qu’il fait dans nos poubelles, des fois qu’il me prendrait l’idée d’y passer la fin de mes vacances. Une fois sur le site en question, je découvrais « qu’en raison des perturbations du trafic maritime, certains types de déchets sont désormais refusés en déchèterie jusqu’à nouvel ordre ». Ce trafic maritime, quelle ordure !
Météo de l’emploi, des banques, des taux immobiliers, des services, des douanes, des émotions, des sentiments, de l’humeur, et donc, des déchetteries ou des déchèteries, selon l’humeur justement, le terme « météo » fait actuellement la pluie et le beau temps dans des domaines d’activité nombreux et variés.
Les Académiciens vont en manger leur bicorne, déjà qu’ils n’avaient pas digéré que « météo » soit devenu le synonyme usuel de « conditions météorologiques ». Ils l’avaient d’ailleurs fait savoir dans un billet qui disait ceci : « L’abréviation familière météo est bien entrée dans l’usage et s’emploie dans la langue courante en lieu et place du terme météorologie, discipline qui a pour objet l’étude des phénomènes atmosphériques et de leurs variations, et qui a pour objectif la prévision à court terme de l’évolution du temps. On veillera toutefois à ne pas confondre cette discipline avec son objet, et on se gardera bien d’utiliser météo pour désigner le temps qu’il fait ou le climat. »
Sans vouloir jouer les vieilles badernes, j’en étais aussi resté aux acceptions classiques de météo. Mais aujourd’hui, employé au figuré au sens de tendance, de situation, d’état, d’évolution, le mot a singulièrement élargi son champ d'action. Est-ce vraiment une surprise ? Le vocabulaire météorologique a de tout temps, et par tous les temps, constitué une source inépuisable de métaphores à laquelle la presse n’a jamais manqué de s’abreuver. « Inauguré le 22 mai 2021, le marché du centre-ville, sur l'axe Carnot-Carreterie, chaque samedi, a fondu comme neige au soleil » (Le Dauphiné libéré) ; « Peter Bosz (OL), le calme avant la tempête » (Le Quotidien du sport) ; « S’il n’y a toujours pas de neige à Pékin, il y a certainement de l’orage dans l’air » (La Voix du Nord) ; « ... alors que les temps étaient troublés, Jorge Sampaoli était la promesse d'une éclaircie dans le ciel de l'Olympique de Marseille » (Foot Mercato) ; « Un début d'année plongé dans le brouillard » (La Dépêche)…
Alors, plutôt que de vouloir jeter un froid dans le ciel des mutations sémantiques, je me dis que c’est à moi de m’adapter. Et de vivre avec la météo de mon temps.
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