En raison de leur voisinage phonétique, les termes « confins » et « confluent » sont souvent… confondus. Bien qu’ils fassent tous les deux appel à des notions très proches, ils ne sont pas synonymes.
Emprunté du latin confinia (limites communes à des terres, proximité, voisinage), « confins », qui ne s'emploie qu'au pluriel, désigne la partie d’un territoire située à la frontière d’un autre. Exemple : les confins de la presqu'île du Cotentin sont la mer de la Manche et le Calvados. Jusque-là, tout va bien.
On trouve le plus souvent « confins » dans la locution prépositive « aux confins de », autrement dit « à la frontière de », ce qui, vous l'avouerez, rend nettement plus floues les limites de son emploi. Parle-t-on de la frontière intérieure ou de la frontière extérieure du pays en question ? Histoire de brouiller les cartes - routières -, l'Académie propose comme exemple : « L'Alsace est aux confins de la Suisse et de l'Allemagne. »
Par ailleurs, sans doute par confusion avec l’expression « au fin fond de » (dans une partie reculée, inaccessible, d’une région), « aux confins de » véhicule à tort une connotation d’éloignement extrême. Or, quand un habitant de Caen se rend aux confins du Calvados, il n'a guère que quelques dizaines de kilomètres à parcourir. Seule la locution « aux confins de la terre » (aux extrémités de la terre, au bout du monde) exprime une destination lointaine, voire hors d'atteinte. J'avoue préférer « à l'autre bout du monde » (en référence au point de départ) ou « aux antipodes de ».
« Confluent », qui vient du latin confluens, confluentis, désigne pour sa part l’endroit où se rejoignent deux cours d’eau et par extension, un point de rencontre. On parlera d'une technologie élaborée au confluent de l’Isère et de la Drac, d'une population au confluent de deux civilisations. En revanche, il est impropre de dire « au confluent des années 1990 », comme je l’ai lu récemment dans les colonnes du quotidien Libération. Il convenait d'écrire : « au confluent des années 1990 et des années 2000 ».
Pour terminer ce billet aux contours brumeux par une note légère, je dirais que l’amour peut nous emmener des confins du célibat aux frontières du mariage, confluent amoureux de deux vies, mais qu’avant de prendre la route, il faut bien réfléchir.
Remarque : le terme « confins » a donné naissance aux tristement célèbres « confiner » et « confinement », très en vogue pendant cette vague de Covid dont nous sortons à peine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire