Lu ce matin : « Et puis, leurs adversaires ont fait quelques cadeaux bienvenus, avec notamment les en-avants de Stuart Hogg et Mack Hansen alors que l'essai leur tendait les bras. Ils ont également relativement été épargnés par les blessures et la pandémie. » (lequotidien.re/AFP)
Ce matin, pas question de passer à côté de l’Évènement sportif du week-end, avec un É majuscule haut comme une paire de poteaux de rugby. Je veux évidemment parler du Grand Chelem réalisé samedi soir par le XV de France, le dixième de son Histoire, avec un grand H (pourquoi s’en priver ?). L’espace de 80 minutes palpitantes, l’exploit de nos Bleus chéris nous a fait oublier Covid et guerre en Ukraine. Sacrée performance, tout de même ! Il nous a aussi apporté la preuve que l’on peut s’appeler Dupont et devenir un héros.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, je connais plus d’un linguiste qui doit se frotter les mains d’avoir vu l’ « Anglois » ainsi renvoyé dans ses vingt-deux. Je n’en ferai rien… ou si peu. Je préfère saisir la balle ovale au bond et vous emmener sur un autre terrain étudier de plus près le cas (hélas, je n’ai pas la VAR chez moi) de deux termes « rugbystiques » dont le pluriel fait débat, en l’occurrence, en-avant et en-but.
C’est à signaler, les piliers de la langue française sont unanimes concernant l’emploi du premier nommé. Pour une fois, Larousse, Robert, Littré et l’Académie, rien que du lourd (!), ont décidé de pousser ensemble dans la mêlée. Et un pour tous, tous pour un, ils prônent l’invariabilité. Sans doute estiment-ils que le substantif « en-avant » est un dérivé de la locution « en avant », composée de la préposition « en » et de l’adverbe « avant » et que, par ricochet, le produit né de deux termes invariables ne peut être lui-même qu’invariable. Je suis fondé à les suivre sur cette voie.
D’éventuels contradicteurs (je n’en ai pas trouvé) pourraient toutefois leur rétorquer qu’il s’agit davantage d’une ellipse de l’expression « passe vers l’avant », dans laquelle « avant » est un nom et que, partant de là, rien ne s’oppose à l’accord au pluriel. Sauf que, tout comme il n’y a qu’un seul soleil dans pare-soleil, il n’y aura à tout jamais qu’un seul avant dans en-avant.
Bizarrement, l’union sacrée vole en éclats à l’évocation du terme « en-but ». D’un côté du terrain, Robert et ses petits préconisent l’accord au pluriel (des en-buts), partant du constat que « but » étant un nom, rien ne s’oppose à l’affubler d’un « s » final. À l’autre bout de la pelouse, l’Académie et la maison Larousse défendent au contraire l’invariabilité. Enfin, coincé au cœur de la mêlée, Littré admet les deux tournures. Balle au centre.
Que faut-il en penser ? D’abord, que l’accord semble grammaticalement plus logique. Ensuite, que sur l’année écoulée, je n’ai trouvé dans la presse numérique que douze utilisations au pluriel dudit terme (six avec un « s », six sans « s »), suffisamment peu pour vous conseiller de ne pas risquer le protocole commotion à vouloir démêler les fils d’une question de français au sujet de laquelle vous n’aurez sans doute jamais à vous prononcer.
Mais vous allez encore prétendre que je botte en touche…
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