Depuis son échouement (et pas son échouage, qui est un acte volontaire) sur notre magnifique côte sauvage, le 4 février dernier, il ne se passe pas un jour sans que la presse (écrite, parlée, numérique) ne nous dresse un bilan de santé du pétrolier mauricien Tresta Star, toujours en souffrance sur la coulée de lave du Tremblet. Et il ne se passe pas un jour sans que l’on voie se répandre un terme à tout le moins insolite, je peux parler du vrai-faux adjectif « mazouteuse ». Pourquoi pas « fiouleuse » ou « essenceuse » tant qu’on y est ?
- « Selon les premiers constats réalisés dans des conditions techniques difficiles, une brèche s’est ouverte dans la cloison axiale séparant la cale n°3 tribord, dans laquelle restait de l’eau mazouteuse » (Zinfos974)
- « Cette pollution marine se présente toujours sous la forme d'une traînée d'eau de mer mêlée à une ‘’substance mazouteuse’’. » (lequotidien.re)
Comme moi, l’Académie française ignore tout dudit mot. Même heureux constat chez Littré. Quant à nos Dupont et Dupond, Robert et Larousse, pourtant pas à une souillure près, ils ont circonscrit la famille au substantif « mazout », à son cousin « mazoutage » et au verbe « mazouter » qui, pour ceux qui l’ignoreraient, signifie sous sa forme intransitive « faire le plein de mazout », et sous sa forme transitive, « souiller, polluer par le mazout ».
Hélas ! cette absence des dictionnaires usuels n’a pas empêché l’intrus de se propager dans l’usage local à la vitesse d’une nappe d’hydrocarbure, preuve de plus des outrages dont est victime notre langue, sans cesse polluée par d’inutiles et salissants néologismes de circonstance.
Ah, à propos, une invasion peut en cacher une autre. Sachez que le terme « mazout » est issu du russe « mazut ». Ça fait tache, non ?
Remarque : il est conseillé de préférer le nom français « fioul » à sa version anglaise « fuel ».
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