mercredi 29 juin 2022

Je te do...o-o-onne !!!!

Lu hier : « Après plus de dix ans d'hibernation, l'association éponyme (Gaston-Richardson) sort de son sommeil. » (clicanoo.re) 

A l’instar du verbe « achalander » qui, vous n’êtes pas sans le savoir, signifie « attirer la clientèle » et non « être abondamment approvisionné », l’adjectif « éponyme » fait partie de ces contresens qui pullulent dans l’usage courant. Si vous en doutiez, sachez qu’un coup d’œil sur la Toile m’a permis de recenser pas moins de 75% d’emplois erronés en l’espace de vingt-quatre heures, jusques et y compris chez certaines publications des plus respectables dont je me garderai bien… de vous livrer le nom en pâture. 

Je l’ai dit, le redis et le redirai encore longtemps, j'en ai bien peur, « éponyme » ne veut pas dire « qui prend le nom de », mais « qui donne son nom à », soit exactement le contraire. Dites-vous donc que lorsque vous arpentez la rue Emile-Zola (il en existe dans toutes les villes), ce n’est pas la rue qui est éponyme mais l’auteur de Germinal et des Rougon-Macquart. 
Hélas ! comme les rumeurs, les fautes de langage ne meurent jamais. Et à mon grand dam, je ne compte plus les avenues, stades, musées, enseignes, séries télévisées, romans ou œuvres d’art abusivement qualifiés d’éponymes dans les colonnes de mon journal préféré. Je crains le jour où naîtra un enfant éponyme. 

Dans sa rubrique Dire, ne pas dire, l’Académie nous explique pourtant qu’ « emprunté du grec epônumos, ‘’qui donne son nom’’, éponyme « s’est d’abord employé en histoire ancienne, pour désigner des dieux ou des héros qui donnaient leur nom à une cité, à une tribu, à une dynastie, etc. ». Elle nous rappelle qu’ « Athéna est la déesse éponyme d’Athènes », qu’ « Égée est le héros éponyme de la mer Égée
 » et que « parmi les dix archontes, on appelait également éponyme celui qui donnait son nom à l’année en cours. « Par extension », nous dit encore la vénérable institution du quai Conti, « éponyme a qualifié des personnages de fiction qui ont donné leur nom à l’œuvre dans laquelle ils apparaissent. Lucien Leuwen est le héros éponyme d’un roman inachevé de Stendhal et Madame Bovary est l’héroïne éponyme du plus célèbre des romans de Flaubert. On se gardera bien de confondre le héros qui donne son nom et l’œuvre qui le reçoit. Ce n’est que le premier qui peut être qualifié d’éponyme. »
Dans la phrase citée en introduction, c’est donc le regretté Gaston Richardson qui est éponyme et non l’association qui porte son nom.

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