Lu il y quelques jours : « Un seul exemple : les jours où cela va plus pire que d’habitude, sur un terrain de foot, un gardien de but n’aperçoit même plus son collègue adverse dans ses poteaux ! » (Zinfos974)
Plantons le décor ! L’adjectif « pire » est le comparatif de supériorité de l’adjectif « mauvais » et s’oppose à « meilleur ». « Pis », adverbe de son état, est quant à lui le comparatif de supériorité de « mal ». Il est le contraire de « mieux ».
On devrait donc dire « être pire que », mais « de pis en pis », « de mal en pis », « c’est pis que», « faire pis que », « tant pis », « s’attendre à pis »… Devrait, car de nombreux auteurs de renom ont transgressé cette règle, nourrissant la confusion entre ces deux termes phonétiquement voisins.
Sur son site « Parler Français », que je vous recommande chaudement, Marc Raynal propose une astuce en cas d’hésitation : « Il convient de remplacer pire/pis par leur synonyme plus mauvais/plus mal ou par leur opposé meilleur/mieux et de voir ce qui a du sens (à l'exception des locutions figées) », conseille-t-il.
Soit. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des em...pires si certains grammairiens n'estimaient que « pire » et « plus mauvais » ne sont pas interchangeables, « notamment avec les noms qui évoquent eux-mêmes un mal », note Joseph Hanse. Dans son sillage, Jean Girodet fait remarquer qu’au sens de « méchant », « pervers », « dangereux », « nuisible », on emploie généralement « pire », « le pire » mais qu’au sens de « défectueux » ou « de mauvaise qualité », mieux vaut opter pour « plus mauvais », « le plus mauvais » si l’on parle d’une réalité matérielle et « pire » et « le pire » si l’on parle d’une réalité immatérielle.
Le Petit Robert estime que « pire » peut remplacer « plus mauvais » lorsque celui-ci n’est pas employé au sens de « défectueux ». Il indique aussi que « pis » peut remplacer dans certains cas « plus mal » ou « plus mauvais ».
Marc Raynal, lui-même, souligne qu’au « sens abstrait ou moral », « pire » et « pis » s’imposent, mais que « plus mauvais » et « plus mal » sont préférables « au sens concret ».
En dépit de ces recommandations, « pire » a aujourd’hui éclipsé « pis » « dans la plupart des emplois », constate l’Académie, y compris sous leur forme substantivée. Et j’ai bien peur qu’au fil du temps, cette fâcheuse tendance se renforce. Doit-on s'en inquiéter ou se dire que finalement, c'est ainsi et ... tant pis ?
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