Pendant des heures... durant

Lu hier « "Je l'avais eu avec moi pendant une période, se souvient Pascal Dorseuil. » (clicanoo.re)

Vous me direz, et sans doute à bon droit, que le thème du jour n’est plus trop dans l’air du temps. Que la subtile et surannée distinction de sens que je m’apprête à évoquer est aujourd’hui le cadet des soucis du commun des usagers de la langue. Il n’en demeure pas moins que les prépositions « pendant » et « durant » ne sont toujours pas synonymes aux yeux des linguistes. Girodet, Grevisse, Thomas, Larousse, Littré et tous leurs héritiers spirituels le confirment. 

« Durant », que l‘on peut remplacer par « tout au long de », implique que l’action exprimée par la phrase ou la locution se déroule de façon continue sur l’ensemble d’une période clairement délimitée. Exemple : « Paul a été malade durant toutes les vacances. » Autrement dit, Paul a été malade du début à la fin des vacances. Pauvre Paul !

« Pendant », en revanche, équivaut à « lors de », « au cours de », « à un moment donné de » et fait référence à un ou plusieurs événements survenus ponctuellement dans un laps de temps déterminé. On dira ainsi : « Paul est allé plusieurs fois à la plage pendant ses vacances. », ce qui ne veut pas dire que Paul a passé toutes ses vacances allongé sur le sable fin de sa station balnéaire préférée, mais que parfois, il est allé y faire bronzette. Heureux Paul !  

Adolphe Thomas constate à juste titre que de nos jours, « les deux mots sont employés sans aucune distinction ». Ladite distinction « est généralement abandonnée au profit de ‘’pendant’’ », affine Joseph Hanse. 

Je ne peux que leur donner raison si j’en crois la modeste étude statistique menée par mes soins sur la Toile auprès d’une cinquantaine de médias numériques. Elle a révélé que dans 74% des cas, « pendant » était utilisé abusivement en lieu et place de « durant ». Aujourd’hui, à part quelques linguistes zélés, peu de gens s'offusqueront si « Paul a été malade pendant toutes ses vacances » alors qu’il aurait mille fois préféré faire bronzette à la plage. Et ce, sans aucun doute, « pendant des heures... durant » (ouh ! l'affreux pléonasme !).