Ce matin, pour faire passer en douceur les bouchons — toujours aussi gratinés — de la rue Mahatma-Gandhi à La Possession, je prêtais une oreille intéressée à une émission de RTL Réunion consacrée aux… conséquences désastreuses (notez que je n’ai pas employé l’anglicisme « impact ») de la circulation, routière, maritime et aérienne, sur notre environnement. Tout ce qu’il fallait pour me faire culpabiliser d’avoir pris ma voiture pour me rendre à la boulangerie du coin.
Conscient du danger que représentent des gens comme moi, un auditeur venait d’intervenir pour encourager nos instances politiques à manifester davantage de bon sens dans la lutte contre la pollution quand l’animatrice, dont j’ai oublié le nom, lui lança en conclusion : « Que vos vœux soient pieux ! » Ce à quoi son acolyte du jour renchérit : « Oui, qu’ils soient pieux ! » En tennis, on appelle cela une double faute.
Car ce n’est pas parce qu’ils sont pieux que les vœux en question doivent nous inciter à croire aux miracles. Bien au contraire. Un vœu pieux est un vœu que l’on sait ou que l’on imagine irréalisable, une parfaite illusion en somme. Par charité chrétienne, je n’enfoncerai pas davantage le clou sur la croix du contresens portée par mes confrères de la radio. En priant bien fort pour eux, je me contenterai d’aller à l'église de mon quartier afin d'y brûler un cierge sur l’autel du français correct. À pied, cette fois. Promis, juré !
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