Lu ce matin : « Repérées rapidement, les sœurs Williams ont d'abord écumé le circuit à deux. » (clicanoo.re)
Ce matin, je suis allé écumer la Toile à la recherche de ma proie quotidienne. Et je n’ai pas été déçu. Ou au contraire, l’ai-je trop été tant mes yeux n’ont plus su où donner de la pupille devant le nombre d’emplois fautifs du verbe « écumer » constatés en l’espace de quelques clics. J’en ai trouvé qui, comme moi, « écument simplement Google », d’autres qui écument la grotte de Flatanger, haut lieu norvégien de l’escalade, j’ai aussi croisé des « footeux » mercenaires qui continuent d’écumer le championnat de football russe malgré la guerre, des randonneurs qui écument l’arrière-pays niçois ou des groupes de musique qui écument les scènes de l’ouest de la France. Le butin a été riche, bien au-delà de mes craintes.
Comment ne pas écumer de rage face à un telle dérive de sens ? Et des sens, ledit verbe n’en manque pourtant pas : de « se couvrir d’écume » (une bière qui écume) à « s’en débarrasser » (écumer des confitures), en passant par « baver », « être en colère » ou, et c’est la définition qui nous occupe aujourd’hui, « piller » les mers en y exerçant « la piraterie » (Larousse). En revanche, avertissent les linguistes, il convient de ne pas faire d'écumer un synonyme de « sillonner », « arpenter » ou « parcourir », comme c’est trop souvent le cas.
Au fil de l’eau, l'acception du mot est pourtant sortie du domaine maritime, tout en restant ancrée à l’idée de magot récolté, comme dans la phrase suivante : « Les chineurs écument les brocantes de la région ». S’il n’y a plus là de notions de brigandage et de sang qui coule à flots, il y a celle de faire une razzia sur toutes les bonnes affaires possibles et pourquoi pas d’y dénicher quelques vieux ouvrages de français un peu jaunis certes, mais à l’utilité toujours intacte.
De la même façon, les puristes auraient mauvaise grâce à écumer de colère face à l’extrait d’article mentionné plus haut. On le sait, les sœurs Williams n’ont pas attendu d’atteindre l’âge adulte pour semer la terreur sur les courts où dès leur enfance, elles ne laissaient déjà à leurs petites camarades... que les miettes du gâteau.
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