Ne dites pas non, nous avons tous un jour hésité au moment de choisir entre le singulier et le pluriel dans les expressions construites à partir des locutions « en tout(e) » (ou « en tou(te)s »), « de tout(e) » (ou « de tou(te)s »), « à tout(e) » (ou « à tou(te)s ») ou « pour tout(e) » (ou « pour tou(te)s »). L'indécision est parfois telle que mon ancien collègue du Quotidien a préféré opter pour le mélange des genres. Et des nombres, en l'occurrence.
Il est vrai qu'aucune règle ne régit cet accord, laissant le scripteur livré à son seul bon sens. Des tendances existent cependant. Certaines penchent pour le singulier, d'autres pour le pluriel. Dans le reste des cas, singulier et pluriel cohabitent dans l'usage.
La phonétique, et en particulier les liaisons, est une alliée de choix… dans nos choix. Il en est ainsi dans les expressions « à toute vitesse, contre toute attente, en toute franchise, en toute hâte, à tout hasard, en toute simplicité, à tous (z)égards », ou « toutes fins (z)utiles, tous (z)azimuts », autant d'exemples où l'oreille vient au secours du cerveau.
L'usage privilégie le singulier dans : en tout cas, de toute façon, de tout manière, à tout bout de champ, avant toute chose, à toute heure, à toute épreuve, à tout à l'heure, à tout prix, à toute allure, à toute force, de tout poil, au-dessus de tout soupçon, de toute espèce, de tout cœur, de toute nature, en tout bien tout honneur, en tout et pour tout, en toute liberté…
Le pluriel tient la corde dans : à tous crins, à tous vents, à toutes jambes, de toutes pièces, en toutes lettres, tous feux éteints, assurance tous risques, toutes catégories, toutes choses égales d’ailleurs, toutes voiles dehors…
Selon le contexte, pas toujours facile à cerner, singulier et pluriel sont possibles dans : à tout moment (à tous moments), à tout point de vue (à tous points de vue), à tout propos (à tous propos), à tout âge (à tous âges), de tout âge (de tous âges), de tout côté (de tous côtés), de tout genre (de tous genres), de tout temps (de tous temps), de toute part (de toutes parts), de toute sorte (de toutes sortes), pour toute raison (pour toutes raisons), en tout genre (en tous genres), en toute chose (en toutes choses), en tout lieu (en tous lieux), en tout point (en tous points), en tout sens (en tous sens), en tout temps (en tous temps), en toute occasion (en toutes occasions), en toute saison (en toutes saisons), tout compte fait (tous comptes faits), toute affaire cessante (ou toutes affaires cessantes).
Un petit truc pour essayer de limiter la casse : remplacer « tout » par « tous les » et « n'importe quel ». Le sens de la phrase peut vous aider à déterminer votre choix. Mais attention : les deux font parfois l'affaire… On ne peut pas gagner à tout coup.
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