Je profite de cette courte déclaration du champion local de muay-thaï Damien Cazambo, en rien condamnable, je le précise tout de suite, pour sauter sur l'occasion d'évoquer avec vous le mot « prétexte » qui vaut encore parfois aux grands penseurs de la langue de monter sur le ring de la sémantique.
Tous, pourtant, à quelques virgules près, campent solidement sur la même définition : cause simulée, raison apparente destinée à cacher le véritable motif d'une action, d'un dessein. Et à juste raison, tous qualifient l'expression « faux prétexte » de véritable pléonasme. Logique : le prétexte est toujours vrai, c'est le motif derrière lequel il se réfugie qui est faux. N'est-il pas vrai ?
Un prétexte peut donc être plausible, facile, recherché, léger, finement trouvé, alambiqué, tordu ou même spécieux (qui est susceptible de tromper), mais pas faux. Rien ne l'empêche non plus d'être fallacieux si j'en crois bon nombre de champions du bien-parler. Acculé dans les cordes par ses petits camarades linguistes, Joseph Hanse continue cependant de se battre comme un beau diable pour démontrer le contraire. Selon lui, l'association des deux termes sent elle aussi le pléonasme à plein nez. J'avoue être tenté de rallier sa cause. En effet, par nature, un prétexte n'a-t-il pas d'autre vocation que de chercher à tromper ? Sinon, à quoi bon mentir quand la vérité est bonne à dire ?
Quant à savoir si un prétexte peut être bon ou mauvais, je ne vois pas quels motifs invoquer pour m'y opposer, à condition de se borner à l'efficacité dudit prétexte à tromper l'auditoire, pas à sa valeur morale. Car à vrai dire, s'il vaut mieux que médire, mentir demeure un très vilain défaut. Aussi, quand Albert Camus écrit : « Tout le monde ment. Bien mentir voilà ce qu'il faut », n'est-ce pas là le plus redoutable des prétextes à ses propres mensonges ?
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