Vous allez encore dire que je ne suis qu'un vieux chipoteur aigri, mais lire que l'on reporte un passager sur un vol ultérieur a le don de me faire décoller de mon siège. Un vol express et sans escale en direction du dictionnaire de l'Académie française me confirme bien vite que je n'ai pas tout à fait tort de crier à l'abus de langage. Le seul cas où l'on peut reporter quelqu'un, nous disent en effet les locataires du quai Conti, est quand on le « ramène par l'esprit à un moment antérieur, dans le passé ». Exemple : « On se croirait reporté cinquante ans en arrière. »
En revanche, au sens de « remettre à un moment, à une époque ultérieurs », ledit verbe ne peut s'adresser qu'à un évènement : une représentation, un match, une cérémonie, une audience, une réunion, un rendez-vous, un voyage, un départ, mais en aucune façon à des passagers qui, dans le cas présent, n'ont plus que les yeux pour pleurer. Preuve supplémentaire qu'un avion qui part en retard est devenu presque aussi banal qu'un train qui n'arrive pas à l'heure. Quelle époque !
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