samedi 14 janvier 2023

Accosté... de la plaque

Lu hier : « Nous l’avions annoncé depuis ce mardi, un nouveau bateau de 70 à 80 migrants Sri-Lankais se dirige actuellement vers La Réunion. Il devrait accoster en fin de semaine sur notre île. » (linfo.re)

Et un échouement de plus sur les écueils de la langue française ! On doit celui du jour à l'info.re, rien que de très banal somme toutes. 
Nous connaissons tous le verbe « accoster », avec deux « c » pour ceux qui l'auraient oublié. Il signifie « se mettre bord à bord », « se ranger à côté de », « le long de ». Jusque-là, tout va bien. 
C'est lorsque l'on aborde la construction dudit verbe que généralement les choses se gâtent. L'Académie, Robert, Larousse, Littré, Hanse, Thomas et bien d'autres naviguent pourtant de conserve pour affirmer qu'avec le verbe « accoster », il n'y a pas trente-six caps à suivre. Ou il se construit de façon absolue (le bateau ne va pas tarder à accoster) ou il requiert la forme transitive directe (le navire va accoster le quai). Jean Girodet est l'un des rares linguistes à admettre le tour transitif indirect « accoster à » (le navire accoste au quai Saint-André). En revanche, aucun ne mentionne l'attelage « accoster sur ». 
Or, comme toujours, l'usage se montre nettement regardant. Une rapide escale par le Net démontre que les médias ne le sont guère plus.
— « … un nouveau navire s'apprête aujourd'hui à accoster sur nos côtes » (clicanoo.re)
— « … ce bateau plein d'immigrés que tous les pays européens refusaient de voir accoster sur leurs côtes » (La Nouvelle République)
— « Pour accoster sur les éoliennes, il faut des navires spécifiques. » (Ouest-France)
De là à dire que certains sites d'information numériques sont « accostés » de la plaque...

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