Il n'est de quiz (avec un seul « z », contrairement à « buzz ») consacré aux écueils de la langue française qui ne voue une affection particulière à ces trois mots hermaphrodites que sont amour, délice et orgue, masculins au singulier, féminins au pluriel. Du moins, c'est ce que l'on voudrait nous faire croire, mais l'affaire est moins simple qu'il n'y paraît.
Pour commencer, parlons d'amour ! Épris de bien-parler, les linguistes estiment en général que le mot est masculin au singulier… mais qu'on peut le trouver au féminin dans le registre poétique et qu'au pluriel, les deux genres se télescopent, le féminin étant toutefois privilégié au sens de « passion ».
Pourquoi un tel mélange des genres ? L'histoire raconte qu'à l'origine, « amour » était féminin, qu'au XVIIe siècle, il fut masculinisé par souci d'harmonisation avec sa racine latine amor, mais que pour ne léser aucun des deux sexes, on lui laissa sa forme féminine au pluriel. Et dire que Prévert écrivait que « l'amour est clair comme le jour, […] simple comme bonjour… »
Masculin au singulier, « orgue » change également de genre au pluriel, à une condition : qu'il ne désigne qu'un seul instrument. De nos jours, ce cas de figure ne se rencontre plus guère que dans l'expression figée « les grandes orgues ».
Reste « délice ». « Il » au singulier, il se mue en « elles » au pluriel sauf quand il est précédé des locutions « un de », « un des » ou « le plus grand des ». Au profit d'une meilleure cohérence grammaticale, on écrira ainsi : « Un de mes plus doux délices est d'admirer le soleil se coucher au-dessus de l'océan. »
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