Lu hier : « Gaël Monfils (280ᵉ joueur mondial) est sorti en grimaçant de douleur lors de son premier match au Masters 1000 de Miami mercredi 22 mars alors qu'il était à égalité (3-3) avec son adversaire Ugo Hembert (sic) dans le premier set. Le retour triomphant du joueur antillais ne sera pas pour cette fois. (Outre-mer la 1ère)
Votre petit doigt et quelques ouvrages en votre possession me diront qu'il eût été plus judicieux de parler du « retour triomphal » de Gaël Monfils. Car bien que voisins, les deux termes « ne sont pas interchangeables », nous rappelle Jean Girodet (Pièges et Difficultés de la langue française) à qui on ne la fait pas. Mais ne criez pas victoire top vite ! Voilà un cas qui n'est peut-être pas aussi limpide qu'il en a l'air.
Petit rappel : « triomphal » qualifie une victoire, une réussite, un succès acquis avec éclat, ainsi que toutes les manifestations d'allégresse qu'ils — ou elles — suscitent. On parlera donc d'un accueil triomphal, d'une visite triomphale, d'un char triomphal ou d'un arc triomphal, énumèrent les dictionnaires. L'adjectif en question ne peut donc « qualifier que les choses », affirme d'un ton martial le pointilleux Girodet, pas toujours suivi par ses confrères.
« Triomphant », quant à lui, qualifie au sens propre le triomphateur lui-même, qu'il soit général des légions romaines ou… joueur de tennis sur le retour. Au figuré, il décrit l'expression de joie, de jubilation ou de fierté qui accompagne ledit triomphe. Un air, un visage, une mine, un sourire, une démarche, un regard peuvent ainsi être qualifiés à bon droit de « triomphants ».
Si à quelques accents près, les spécialistes de la langue s'accordent donc sur les acceptions respectives des deux mots, leurs avis divergent quant à l'interprétation qu'ils en font. Quand Hanse, Girodet et Robert évoquent en exemple une « entrée triomphale », Thomas et Littré les prennent à contrepied, la préfèrent « triomphante ». J'avoue humblement qu'en l'occurrence, je n'hésiterais pas une seconde à me ranger à la cause des premiers cités.
Et quid du « retour » de Gaël Monfils, me direz-vous ? À mon sens, les deux adjectifs peuvent s'appliquer, selon le contexte. Une chose est sûre cependant : il ne pourra être « triomphal » (auprès des fans du joueur) qu'après avoir été « triomphant » (sur le court). Dans un cas comme dans l'autre, je crains fort que ce ne soit pas gagné.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire