Aujourd'hui, je me défoule

Lu ce matin : « À Fort-Dauphin, la Présidente de Région a été accueillie par une foule nombreuse pour un moment d’hommage autour de la stèle commémorative de l’esclavage érigée par Sudel Fuma qui surplombe l’ancien port de la ville. » (Le Quotidien de La Réunion)

— « Une foule nombreuse au feu de la Saint-Jean » (L'Alsace)
— « Une foule nombreuse pour découvrir l'art urbain » (L'Union)
— « Cannes : foule nombreuse et montée des marches acclamée pour Scorsese, De Niro et DiCaprio » (Midi Libre)
— « La foule nombreuse, encouragée par Clarisse à participer sur certains morceaux, a longuement applaudi la chanteuse pour sa prestation. » (Le Télégramme)
Stop !!!! I am fool ! 
Il est vrai que, tels les « zizis » chers à Pierre Perret, des foules, il y en a des masses. Des grosses touffues, des p’tites joufflues, des grandes ridées… Il y en a même une foultitude de « nombreuses » si j'en crois nos médias préférés, toujours là pour nous ôter nos complexes. 
Le problème, c'est qu'au sens littéral, une foule est déjà « la réunion en un même lieu d'un grand nombre de personnes », une « multitude de personnes rassemblées en un même lieu », chantent en chœur Larousse et Robert, pour une fois sur la même tonalité. 
Partant de là, comment ne pas crier au pléonasme ? Ou à l'abus de langage pur et simple. Car, si comme l'affirment nos Dupont et Dupond de la langue, l'adjectif « nombreux » signifie « qui sont en grand nombre », ce sont les personnes composant la foule qu'il convient de qualifier de « nombreuses » et non la foule elle-même, laquelle sera, selon votre inspiration, immense, compacte, clairsemée, survoltée, silencieuse, envahissante, hétérogène, bigarrée, bon enfant, en liesse ou même sentimentale, de loin la plus innocente et la moins oppressante de toutes.