Quand doit-on écrire « bénit » avec un « t » et quand doit-on s'en passer (du « t ») ? Disons-le tout de suite, la règle traditionnellement prônée n’a pas reçu l'onction unanime des grands prêtres de la langue. Sans vouloir jouer les béni-oui-oui, je vous invite toutefois à en faire votre religion tant les principes défendus par le plus grand nombre me semblent frappés au coin du bon sens.
Pour mieux les comprendre, replongeons-nous dans le temps pas si béni que cela des colonies. Issu de beneit, participe passé de benëir, forme ancienne de bénir, lui-même descendant du latin benedictum, « bénit » fut le premier à être porté sur les fonts baptismaux. Alain Rey (Dictionnaire historique de la langue française) fait remonter ses premières apparitions à la fin du XVe siècle (1493). « Béni » l'a suivi de peu et les deux formes ont longtemps été utilisées indifféremment comme participes passés. Bien qu'élaborée au XVIIe siècle, la répartition des emplois entre les deux termes n’a été effective que deux siècles plus tard.
Cette distinction n’a pas disparu. Il est ainsi convenu que « bénit » qualifie un objet – et seulement un objet – qui a été rituellement consacré par la bénédiction d’un prêtre et que « béni » s’impose dans tous les autres cas. Exemples : de l’eau bénite, du buis bénit, une médaille bénite, mais un homme béni des dieux, une époque bénie ou un jour béni.
La plupart des grammairiens s’entendent également sur le fait que « bénit » doit être circonscrit à un emploi adjectival. Seul « béni » peut être employé comme participe passé, y compris lorsqu’il s’agit d’une bénédiction rituelle. On écrira donc : « des cierges bénits » mais « les cierges ont été bénis par le prêtre ». Il n'en fallait évidemment pas plus pour semer la confusion dans l'esprit du commun des usagers que nous sommes. Doit-on s'en étonner ? La langue française n'a jamais été du pain bénit pour qui cherche à en saisir les subtilités.
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