vendredi 30 juin 2023

Outrage à la règle

Lu hier : « Le skipper est passé outre cette recommandation. » (Outre-mer la 1ère)

J'ai horreur de cela, mais ce matin, j'ai des compliments à adresser. Et c'est au site web de la Ligue des droits et des libertés que je dois cet acte contre-nature pour avoir respecté à la lettre le mode d'emploi de l'expression « passer outre ». « […] les nombreuses exceptions permettant de passer outre au consentement », écrit-il en effet… à bon droit. Car contrairement à l'idée reçue, la locution en question — quand elle n'est pas utilisée de façon absolue — s'accompagne toujours d'un complément d'objet introduit par la préposition « à » et non, comme on le croit trop souvent, d'un complément d'objet direct. « Ils ont passé outre à toutes les objections, toutes les interdictions », cite comme exemple l'Académie quand Le Robert préfère « passer outre à une interdiction ». 
Malheureusement, les défenseurs de la langue ont beau multiplier les piqûres de rappel, l'usage courant ne s'en formalise pas outre mesure. Et continue de braver les interdits.
— « Une transgression encouragée par le panonceau invitant les adeptes de la petite reine à passer outre le feu rouge… » (Libération)
— « Passer outre cette procédure expose le loueur à une amende de 5 000 € maximum. » (Ouest-France) 
— « … certains prénoms féminins commençant par R ont réussi à passer outre la barrière de la tendance. » (Madame Figaro)
Ou encore : 
— « Impossible, même dans ce cas, de passer outre le signal. » (Le Parisien)
Histoire d'étayer ce constat (était-ce vraiment nécessaire ?), je me suis fendu d'une rapide étude statistique sur la Toile. Le résultat est édifiant. Lors de la semaine écoulée, 54 sites d'information ont eu recours à ladite expression, 53 ont outrepassé la règle…

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