Loin de moi l'intention de jouer les trouble-fête. Moi aussi, j'ai veillé tard et sifflé quelques pintes à la santé des Bleus et de leur victoire sur la Nouvelle-Zélande, hier soir, en ouverture de la Coupe du monde de rugby. Et tant pis si ces All Blacks-là n'étaient pas du meilleur cru, on ne boudera pas notre bonheur d'avoir vu le XV de France leur faire broyer du noir.
Mais le chemin est long vers le trophée tant espéré. L'heure n'est donc pas encore venue de sabler le champagne. Sabler ou sabrer, d'ailleurs ? La confusion règne dans l'usage. Si elles se ressemblent comme deux bulles de mousseux, les expressions « sabler le champagne » et « sabrer le champagne » ne sont pas interchangeables.
La première signifie tout simplement « boire d'un trait du champagne pour célébrer un événement ». Son origine continue à faire débat. L'Académie explique qu'au XVIIe siècle, le verbe « sabler » signifiait entre autres, « couler dans un moule fait de sable ». « C’est probablement par allusion à la matière en fusion versée dans le moule que sabler a pu prendre le sens de "boire d’un trait" (1615) », poursuivent les Immortels.
« Sabrer le champagne » est une manœuvre autrement périlleuse. Elle consiste à ouvrir une bouteille de champagne en tranchant le goulot d’un coup de sabre. Certains attribuent sa paternité aux hussards de la garde napoléonienne qui auraient pris l'habitude de célébrer ainsi leurs victoires. D'autres prétendent que ces derniers n'auraient fait que s'inspirer des troupes cosaques présentes en Champagne à la chute de Napoléon 1er et qui, pressées de « liquider » les caves de la région, auraient adopté cette pratique pour gagner du temps.
Un conseil : ne vous aventurez pas à les imiter. Aussi délicieux fût-il, un doigt de doux breuvage ne vaut pas la perte d'une phalange.
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