Lu cette semaine : « Selon Normane Omarjee, « la situation financière du syndicat des eaux n'était pas meilleure à l'arrivée de Bavi. Cela fait trente ans d'errements… » (Outre-mer la 1ère)
Toujours employé au pluriel, le terme « errements » a connu un cheminement singulier et guère apprécié des puristes. Issu du verbe « errer », lui-même descendant du latin iterare (voyager, aller droit son chemin), le mot désignait à l'origine des « manières habituelles d'agir », comme dans l'expression « retomber dans ses anciens errements ». Au fil du temps, sous l'influence de l'autre verbe « errer » (du latin errare, aller sans direction précise, s'égarer), il a pris abusivement un virage péjoratif au sens de « façon d'agir blâmable, comportement déraisonnable », acceptions aujourd'hui entérinées par le trio Robert-Larousse-Littré.
Si la plupart des linguistes se sont résignés à constater ce glissement sémantique, qualifiant de « vieilli » le sens originel, ils dénoncent la mauvaise habitude actuelle consistant à faire d' « errements » un synonyme d' « hésitations coupables », d' « erreurs ». Sans surprise, l'usage ne s'est pas encombré de tels scrupules. La presse, et en particulier la presse sportive, s'est ainsi éloignée sans honte du droit chemin :
– « Dix minutes plus tard, Zoabi, joueur à l'essai, profitait d'errements défensifs pour éliminer le gardien berjallien (3-3, 85e). » (Le Dauphiné libéré)
– « Les Brestois ont laissé entrevoir quelques errements défensifs. » (Le Télégramme)
– « Le PSG a suffisamment communiqué sur le fait que les errements de la saison passée étaient terminés… » (Onze Mondial)
Errare humanum est, perseverare diabolicum.
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