« Rouge écarlate ». En raison de la reprise de la contagion et de l'arrivée du variant Omicron, il ne se passe plus un jour sans que ces deux mots hauts en couleur n’apparaissent noir sur blanc dans les colonnes des journaux de France, de Navarre et d’outre-mer. Aucune surprise à cela, le gouvernement ayant décidé de les associer pour baptiser la catégorie des pays où la circulation du virus (encore lui !) « est particulièrement active et/ou la découverte d’un variant est susceptible de présenter un risque de transmissibilité accrue ou d’échappement immunitaire ».
En termes purement linguistiques, j'avoue ne pas très bien comprendre ce choix. Si je me fie à tous les ouvrages de référence en ma possession, « écarlate » n’est pas un adjectif autorisé à préciser un adjectif de couleur comme le sont « foncé », « clair », « pâle » ou « cassé », mais bien un adjectif de couleur à part entière signifiant « rouge vif ». Il suffit de parcourir les exemples fournis par lesdits ouvrages pour s’en convaincre : « un manteau écarlate » (Littré), « des joues écarlates » (Larousse), « une fleur écarlate » (Robert), « du velours écarlate », « un visage écarlate » (Académie), « des robes, des rubans écarlates » (Thomas), « des reflets écarlates» (Grevisse), « des soies écarlates » (Girodet)...
On pourrait y ajouter la caution littéraire d’auteurs célèbres tels que Jack London (La Peste écarlate), Margaret Atwood (La Servante écarlate), Nathaniel Hawthorne (La Lettre écarlate) où se souvenir qu'en 2012, dans le cadre de l'intensification de la lutte antiterroriste, le gouvernement de l'époque avait activé le plan Vigipirate écarlate. En conséquence, et vous l’aurez compris, le couple « rouge écarlate » n'est ni plus ni moins qu'un mariage contre-nature, un authentique pléonasme qui a échappé à la vigilance de nos grands décideurs, à qui il en faut bien davantage pour devenir rouges de honte.
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