dimanche 23 janvier 2022

Courrier indésirable

Lu hier : « Souvent un courrier recommandé envoyé à l’adresse liée aux relevés de compte… » (linfo.re)

Vous allez dire que je radote, mais je vais aujourd’hui évoquer un thème que j’ai déjà abordé récemment au sujet du substantif « personnel ». Vous savez, celui qui est souvent confondu à tort avec « salarié » ou « employé ». C’est d’un autre nom singulier collectif pris pour ce qu’il n’est pas qu’il s’agit cette fois, en l’occurrence le vocable « courrier » que l’on retrouve, entre autres, dans les locutions « levée du courrier », « dépouiller son courrier », « par retour de courrier », « le courrier d’une société »,  ou encore celui qu’en bon journaliste, je chéris par-dessus tout, je veux parler du « courrier des lecteurs ». 

Contrairement à l’idée reçue, quand il n’est pas un messager d’un autre temps, un avion postal qui ne l’est pas moins ou le titre d’un journal (Le Courrier picard, Le Courrier de l’Ouest, le Courrier cauchois…), « courrier » désigne l’ensemble des écrits, imprimés ou documents adressés ou reçus, via La Poste, par une personne, une entreprise ou une collectivité. 
Or, l’usage en a fait à tort (comme souvent quand il s’en mêle) un synonyme de « lettre », un glissement de sens condamné en bloc par les linguistes. L’expression courante « rédiger un courrier » n’est donc ni plus ni moins qu’une absurdité. 
Les médias regorgent pourtant d’exemples de cet emploi incorrect. 
« Une enquête pour agressions sexuelles sur mineurs a été ouverte à la suite du courrier d’une mère de victime présumée » (Ouest-France)
« En réponse, l’ancien archevêque de Lyon lui avait adressé un courrier » (20 Minutes)
« Dans un courrier adressé notamment à la préfète du Val-de-Marne, le directeur de la prison de Fresnes, Jimmy Delliste, s’est ému d’avoir retrouvé à trois reprises… » (Le Parisien) 

Bizarrement, l’expression récente « courrier électronique » n’a pas fait l’objet du même tri sémantique. Les dictionnaires usuels en font indifféremment le service d’acheminement des messages envoyés par internet et le message lui-même, ce qui en fait un synonyme des termes « e-mail » et « courriel ». 
En quoi un courrier (au sens de lettre, de message) transmis par voie postale serait-il moins recommandable que celui tombé dans notre messagerie numérique? Je me le demande. Je n’irai pas pour autant jusqu’à dire que ceux qui régissent notre langue sont complètement timbrés. Si vous le souhaitez, rien ne vous empêche de leur envoyer un courriel de protestation, mais il y a fort à parier qu’il restera lettre morte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le jour et la nuit

Vacant à d'autres occupations, je n'ai pas eu le temps de réagir à chaud à un événement qui a beaucoup fait jaser, comme disent nos ...