L’Euro masculin de handball a débuté hier en Hongrie avec, pour les coéquipiers de nos Réunionnais Melvyn Richardson et Benoît Kounkoud, l’occasion d’accrocher à leur ceinture un nouveau titre international après leur récente victoire olympique. Cocorico ! À dire vrai, ça n’a rien de gagné au regard des nombreux déboires rencontrés par les Bleus durant leur phase préparatoire, mais en sport c’est bien connu, c’est souvent dans l’adversité que naissent les plus beaux exploits.
Hier, pour des raisons purement professionnelles, je parcourais, lisais, examinais, décortiquais, disséquais, que dis-je, je passais au détecteur de fautes une dépêche de l’Agence France-Presse présentant l’événement. Pour ceux qui l’ignorent, l’AFP, comme disent les initiés à la façon des baroudeurs qui font étalage de leurs virées à « Jobourg », « LA » ou « Tana », est une sorte de grande - et fort précieuse - centrale de l’information qui, par l’intermédiaire de ses centaines de correspondants, collecte les nouvelles venues du monde entier avant de les redistribuer aux organes de presse moyennant une contribution financière… non négligeable.
Mais je m’égare. Tout allait donc pour le mieux dans la meilleure des relectures quand mon regard vint se figer sur LA faute passible du carton rouge, celle contre laquelle tous les ouvrages consacrés aux difficultés de la langue française vous mettent pourtant en garde. Elle était insidieusement cachée en fin de texte, le genre de celles qu’on ne voit pas, qu’on ne voit plus, parce que la fatigue gagne et que l’attention s’éteint. Interrogé sur les chances de succès final de son équipe, Vincent Gérard, le gardien de but tricolore, concluait ses propos ainsi : « Donc à nous de savoir entrer de plein pied dans ce match ».
Les voyants de mon système d’alarme cérébral se mirent aussitôt à clignoter de toutes parts à la vue de ce « plein pied » que je n’aurais voulu voir. En cas de défaillance de ma part, j’imagine qu’en bon chien de garde, mon correcteur orthographique aurait repéré l'erreur, ce qui n’a visiblement pas été le cas de ceux de La Charente libre et de L’indépendant qui, ce matin, ont publié telle quelle la version fautive.
Vous aurez corrigé de vous-même, il ne fallait pas écrire « de plein-pied » (en quoi un pied serait-il plein ?) mais bien « de plain-pied », locution issue du latin planus (plat, uni, plan) signifiant « de même niveau, au même niveau ». La confusion homonymique avec l’adjectif « plein » (du latin plenus) est souvent source d’erreurs. Rien de surprenant à cela : le vocable « plain » est aujourd’hui quasi sorti de l’usage, sauf dans les expressions « plain-pied », « plain-chant » et « en plaine campagne » (en rase campagne), que le linguiste belge Joseph Hanse conseille pourtant d’écrire « pleine campagne ».
Cela étant dit, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne journée et à nos Bleus handballeurs, de faire le plein de victoires dans leur nouvelle quête de titre européen. Pour leur entrée en lice, les joueurs de Guillaume Gille se sont imposés (27-22) hier soir contre la Croatie. Voilà une aventure qui démarre du bon pied !
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